« Notes, conduites, synopsis, partitions : écrire et composer la radio »
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Coordination : David Christoffel (créateur radiophonique – auteur compositeur)
Si la note d’intention et la conduite sont des documents pratiques, dont la valeur est intégralement préparatoire, leur confection peut justifier une élaboration formelle spécifique. Ces manières de représenter la forme radiophonique garantissent-elles un gain en qualité ? Quand des dessins viennent schématiser l’écriture du sonore, les formes radiophoniques en ressortent-elles plus abstraites ou autrement sensibles ? À partir de quand peut-on parler de « partition radiophonique » ? À l’inverse, la conduite peut paraître emblématique du respect d’un format, passer pour un outil de standardisation de la fabrication radiophonique. Qu’elle soit un canevas garant du concept de l’émission ou un document spéculatif pour déplacer les règles de collecte et d’exposition d’éléments hétérogènes, qu’elle serve une radio quotidienne relativement standardisée ou une pièce radiophonique unique, la conduite est dépositaire d’une pensée de l’écriture radiophonique. En objectivant les ingrédients dont une émission est faite, elle témoigne aussi de la manière dont les composantes de la forme radiophonique se pensent, s’agencent ou s’interchangent. Ce dossier veut recueillir des approches hétérogènes d’un document de travail à la croisée des pratiques. Il pourra accueillir des descriptions critiques d’évolutions des formats, des ouvertures sur des pratiques pédagogiques alternatives et des conceptions expérimentales de la radio, mais aussi des enquêtes sur des moments historiques de l’histoire radiophonique où des documents de travail ont pu faire l’objet d’un soin créatif remarquable et permis une nouvelle de forme sonore particulière.
Le dossier entend réfléchir aux écrits préparatoires à la radio, qu’ils s’agissent de renforcer la sophistication formelle des émissions (dans le champ de la création radiophonique ou de démarches expérimentales) ou, au contraire, de calibrer le respect d’un format (dans la réalisation d’un direct, notamment). Il est donc ouvert à des approches communicationnelles, mais aussi historiques et poétiques. Les études pourront porter sur les écritures alternatives de conducteurs alternatifs, sur la production de documents spécifiques à l’élaboration d’une émission de radio, mais aussi sur les compositions originales de grille avec des logiciels conçus.
Nous accepterons des propositions en français, anglais ou espagnol. Le titre, le sous-titre et le résumé seront traduits en français s’ils ne sont pas initialement formulés dans cette langue.
Les articles seront anonymisées (suppression des métadonnées auteur) et ne comporteront pas de référence aux travaux de l’auteur/e (excepté sous la forme « Auteur (année), Titre »). Seule la première page comportera le titre, le nom et affiliation institutionnelle de l’auteur/e.
Les auteur-e-s devront se conformer aux consignes rédactionnelles complètes disponibles sur le site de la revue RadioMorphoses :
www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/09/consignes-redactionnelles/
Les envois se feront à david.christoffel@gmail.com et radiomorphoses@gmail.com
- – Envoi des articles : 12 avril 2021
- – Retour des évaluations : 14 juin 2021
- – Envoi des articles définitifs : 13 septembre 2021
« Radio en mobilité : programme,pratiques, techniques et perspectives »
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Coordination : Lara Van Dievoet (Université Catholique de Louvain) et Pascal Ricaud (Université de Tours)
Le GRER, avec la revue RadioMorphoses continue à explorer les formes et les mutations de la radio, dans la continuité du colloque organisé en collaboration avec l’équipe PRIM de l’Université de Tours les 21 et 23 novembre 2019. Nous nous penchons sur une dimension profondément contemporaine et en même temps intemporelle : celle de la mobilité. Intemporelle car la radio, tour à tour clandestine, pirate, périphérique, transnationale, transportable, adaptable, routière, a toujours rimé avec mobilité. Contemporaine car liée à de nouvelles technologies mobiles bouleversant les cadres de production, de diffusion et les pratiques, tout particulièrement dans le domaine de l’information. La mobilité, avec Internet, est peut-être la notion qui caractérise le plus l’âge digital de la radio. Et pourtant, elle n’a pas fait l’objet d’un travail de réflexion et de recherche spécifique – ou trop peu – dans le cadre des études sur les mutations numériques de ce média.
Les articles pourront s’inscrire dans le cadre d’un ou plusieurs des 4 axes thématiques suivants :
Les nouveaux usages en mobilité
La radio n’a jamais cessé de nous accompagner au sens propre – dans nos déplacements – comme au sens figuré par une présence régulière ou permanente. Aujourd’hui c’est du côté de la « délinéarisation » des contenus (une consommation des médias rompant avec le direct) et des nouveaux formats qu’elle a engendrés, que réside la principale évolution de la radio à l’ère numérique.
Des travaux sur les nouveaux modes d’usages liés à la consommation de la radio en mobilité, ou au podcasting, sont les bienvenus. On pourra s’intéresser aussi à ce que les applications radio sur smartphones apportent en termes de services, d’interactions, d’expériences enrichies pour l’auditeur. Les enceintes connectées et les questions qu’elles posent en matière de sélection de l’information sont également au centre de ce premier axe. Enfin se pose la question de la mesure des audiences en mobilité, de nouveaux outils et méthodes pour mieux les saisir.
Le journalisme mobile : nouvelles pratiques et figures informationnelles en mobilité
Outre son impact sur les modes de diffusion et les formats proposés, le smartphone devient également un outil de production radiophonique. Doté ou non d’un micro externe, il permet une production et une diffusion en mobilité. Des journalistes radio se l’approprient pour remplacer leur matériel traditionnel sur le terrain mais également pour proposer des contenus additionnels grâce à la prise de photos ou de vidéos.
Des analyses pourront porter sur la manière dont le journalisme mobile – ou Mojo – affecte les pratiques traditionnelles, voire l’identité d’une profession et définit un nouveau rapport aux publics. On pourra s’interroger sur la manière dont cette mobilité informationnelle modifie notre rapport à l’espace, fait émerger de nouveaux publics, de nouvelles figures intermédiaires de l’information et de nouvelles fonctions au sein des rédactions.
Radio et mobilité physique : circulation, accessibilité, accélération
La radio nous suit partout, y compris dans nos voitures (depuis les années 1960-1970 avec l’autoradio), une de ses plus grandes et éclatantes conquêtes qui s’enrichit et se renouvelle encore aujourd’hui, au gré des innovations technologiques et en particulier grâce au numérique qui en fait un média digital. A travers ses programmes, elle a largement pris en compte cette mobilité routière, avec des stations totalement dédiées aux autoroutes, des programmes – notamment de nuit –destinés aux « roulants », aux routiers, des émissions (point route, info trafic) cherchant à contribuer à fluidifier la circulation et à nous permettre d’atteindre notre destination dans les meilleures conditions.
On pourra faire des propositions liées à deux concepts particuliers renvoyant à diverses fonctions et services rendus par la radio : ceux d’extensibilité (la possibilité de surmonter les difficultés de circulation, la capacité à se déplacer) et d’accessibilité (la possibilité d’atteindre le point désiré). La question même de l’accessibilité peut être élargie aux problèmes de mobilité physique ou de cohabitation de divers types de publics dans l’espace urbain. La vitesse, l’accélération qui symbolisent autant le vaste domaine des transports que celui de l’information dont les moyens, les voies de diffusion, ne cessent d’augmenter et de gagner en instantanéité, sont à explorer également.
Quand la radio fait bouger les lignes : clandestinité, engagements et mobilisations
La mobilité évoque également les flux migratoires, les diasporas, le déplacement de populations. On pourra dans ce cadre s’intéresser aux radios dont la principale mission est de maintenir le lien avec le pays d’origine, de maintenir un lien social entre des populations séparées dans des circonstances particulières, permettant un « voyage immobile ». La radio permet aussi l’expression de différences, de dissonances, passant parfois par la clandestinité, l’externalisation des studios. Elle porte et accompagne des mobilisations, des mouvements protestataires, des manifestations quand elle n’est pas un élément central d’une mobilisation. Des approches historiques pourront être également privilégiées à propos de radios mobiles ou déplacées ayant permis à un mouvement de résistance, une opposition, un gouvernement expatrié, de se faire entendre, de s’organiser, voire de contribuer à inverser le cours d’une histoire.
Calendrier indicatif
- Envoi des articles : 29 mai 2020
- Retour des expertises en double-aveugle : 29 juin 2020
- Remise des textes complets : 15 septembre 2020
Modalités de soumission
Les propositions seront envoyées en format Word (.doc) par mail, celui-ci portant en objet la mention « radio en mobilité – proposition article ». Les articles seront envoyés aux adresses suivantes au plus tard le 29 mai 2020 :
Nous accepterons des propositions en français, anglais ou espagnol. Le titre, le sous-titre et le résumé seront traduits en français s’ils ne sont pas initialement formulés dans cette langue.
Les articles seront anonymisées (suppression des métadonnées auteur) et ne comporteront pas de référence aux travaux de l’auteur/e (excepté sous la forme « Auteur (année), Titre »). Seule la première page comportera le titre, le nom et affiliation institutionnelle de l’auteur/e.
Les auteur-e-s devront se conformer aux consignes rédactionnelles complètes disponibles sur le site de la revue RadioMorphoses :
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« La radio au service des publics,
Enjeux, statuts, missions et programmes »
Revue Radiomorphoses, n°5&6, à paraître à l’été 2019
Coordination : Jean-Jacques Cheval et Étienne Damome (Université Bordeaux Montaigne)
Le concept de service public est ancien. Historiquement il est lié à la construction de souverainetés sous les monarchies d’anciens régimes. Il a été réactivé, approfondi et généralisé avec l’émergence des sociétés démocratiques depuis le XIXe siècle et la constitution des États-nations ; les services publics devenant, par la même, instruments justificateurs de ceux-ci. Au XXIe siècle, la notion de service public subit les contrecoups de la mondialisation, des dérégulations et des pensées libérales moins favorables, voire hostiles, à l’action publique, qu’elle émane des États, d’entités et organismes publics plus spécifiques (collectivités locales, établissement d’éducation et de formation par exemple) ou d’entités privées, sans but lucratif, issues des sociétés civiles.
De manière générale, on considère que la notion de service public repose sur certains principes fondamentaux, tels que :
– L’égalité garantie d’accès aux services (pour les médias : c’est la réception, sa liberté assurée et inaliénable, mais ce qui peut aussi se comprendre comme un droit à l’expression directe et à la transmission des informations) ;
– La gratuité ou des coûts raisonnables pour en bénéficier ;
– Une finalité non commerciale des services en question (en tout cas supposant à minima que leur rentabilité ne puisse être leur justification).
À ceci souvent, s’ajoutent quelques autres principes :
– Une continuité dans l’espace et dans le temps au nom de l’unité et de l’égalité de tous les bénéficiaires (ce qui suppose, dans le cas des médias, une continuité de diffusion sur l’ensemble d’un territoire à l’aménagement duquel ils participent, pratiquement et symboliquement) ;
– La mutabilité ou l’adaptation constante aux besoins des destinataires, pour mieux les servir ;
– Les principes discutés de neutralité ou d’équité et, plus encore dans certains pays, de laïcité, devant garantir l’égalité de traitement en respectant leur liberté de conscience et la liberté d’opinion ;
– Souvent, la propriété publique des structures ou, à défaut, leur contrôle public et, de manière substantielle, leur financement ;
– Fréquemment aussi, au concept de service public médiatique, tant sur le plan juridique que sur celui des représentations, se rattachent des missions d’éducation, d’information et de distraction, auxquelles peut s’ajouter une fonction d’aide et d’assistance, directe ou circonstanciée, aux populations, ou à la personne.
– Éventuellement, enfin, est considérée, ou revendiquée, la gestion démocratique de ces services dont témoignerait, en leur sein, la participation des professionnels des services, des intervenants et, éventuellement, celle des auditeurs.
L’idée de service public, de services aux publics s’entrecroise avec les notions d’information et de communication, avec la réalité des services médiatiques, dont la radio ; le 5e numéro de la revue RadioMorphoses sur ce sujet s’inscrit dans la continuité du colloque « La radio au service des publics » organisé à Bordeaux en novembre 2017 par le Groupe de recherches et d’études sur la radio (GRER). Nous souhaitons prolonger les réflexions et débats amorcés à cette occasion. Les intervenants au colloque, ceux qui ont soumis des propositions de communication à cette occasion, sont invités à participer à nouveau à ce présent appel à contribution, à travers des propositions actualisées, modifiées ou nouvelles. Mais des propositions entièrement inédites sont également souhaitées et attendues. Toutes seront évaluées de la même manière selon les règles habituelles de sélection en « double aveugle » d’une revue scientifique.
Ce numéro propose d’interroger la notion de « radio au service des publics : Enjeux, statuts, missions et programmes », sous trois dimensions particulières. Il s’agira d’interroger leurs statuts spécifiques ; les missions confiées aux médias considérés ou bien que leurs bénéficiaires sont en droit d’attendre d’eux ; les programmes qualifiés comme services aux publics en raison de leurs intentions, de leurs destinations ou de leurs effets. Ces axes sont au cœur de l’appel à contribution, sans être exclusifs pour autant.
STATUTS
Institutionnellement, le statut de service public radiophonique plonge ses racines dans l’histoire de la communication moderne. Des services postaux royaux au télégraphe, les principes et applications communicationnelles ont connu des déclinaisons diverses jusqu’aux médias électroniques, dont la radio. Originellement, la radio britannique (la BBC de 1927) a servi d’exemple de « radio de service public » pour nombre de pays qui refusaient le modèle entrepreneurial états-unien initialement basé sur la seule initiative privée. Adopté avant ou après la Seconde Guerre mondiale, souvent en référence à cette dernière, ce statut a été mis en œuvre et adapté par de nombreux pays occidentaux et inspiré d’autres systèmes nationaux (notamment lors des décolonisations ou dans des logiques de blocs). Mais, souvent associé à la notion de monopole, ce modèle a trouvé ses limites dans l’appropriation étatique et une mise au service des gouvernements ou de régimes politiques ; radiodiffusion publique et radiodiffusion d’État pouvant alors se confondre. La démocratisation des services publics d’information et de communication demeure un des enjeux contemporains et d’avenir pour la radio.
Déjà, diversement dérégulées à la fin du XXe siècle, les institutions de services publics radiophoniques n’ont pas disparu lors de la suppression des monopoles et continuent, avec des fortunes diverses, d’occuper une place face à la concurrence privée dans nombre de paysages médiatiques. Pour autant, après avoir été incontestées, leurs légitimités ne le sont plus. Parfois assimilées à une fonction publique jugée anachronique, ces institutions radiophoniques sont aussi attaquées au nom de la rationalité ou d’idéologies économiques qui visent l’hégémonie, dans ce domaine comme ailleurs.
Radicalement, la suppression de programmes, ou de chaînes de service public (Canada, Grèce, Europe de l’Est…), en particulier les services internationaux, l’annulation de modes de diffusion (les Ondes longues de Radio France ou ailleurs), la difficulté à mettre en place des services de cette nature dans des régions où ils n’existaient pas ou peu (Amérique latine) sont des manifestations du repli des services publics de radiodiffusion, de leur difficulté à exister ou bien des menaces qui pèsent sur eux.
La revue RadioMorphoses souhaite poser des interrogations problématisées autour de la pertinence, de la légitimité et, par-là, de la pérennité des structures institutionnalisées des services publics radiophoniques. Ces problématiques et ces enjeux pourront être abordés en partant de leurs histoires, de leurs réalités présentes et en interrogeant leurs possibles futurs.
MISSIONS
Les notions de service public et de services rendus aux publics ne résident pas seulement dans des considérations de structures, de statuts ou d’institutions. Elles correspondent à des intentions et des constats d’efficience qui, dès lors, peuvent être revendiqués par d’autres secteurs radiophoniques : le tiers secteur de la radio et le secteur commercial. L’État lui-même, les puissances publiques, pouvant déléguer à d’autres qu’eux-mêmes des missions de service public.
On peut penser que la logique intrinsèque d’audience des radios privées suppose fondamentalement la satisfaction des attentes des auditeurs, tant pour le divertissement que l’information, l’éducation ou la culture. Les acteurs privés eux-mêmes avancent souvent l’argument de leur contribution au pluralisme médiatique pour justifier leurs autorisations, leurs fréquences, leur existence, au service des sociétés.
La logique d’expression des radios associatives (parfois aussi appelées « communautaires ») pose le bien fondé de services, à but non lucratif, devant permettre à tous un accès à la parole médiatisée, souvent sur la base de secteurs spécifiques de populations (groupes sociaux ou culturels, territoires particuliers dont les espaces locaux).
Ces missions attribuées, proclamées, convoquées doivent être interrogées. Les contributions proposées pourront viser les dispositifs d’assignation (les cahiers des charges, conventions, engagements souscrits). Les déclarations d’intentions et proclamations se revendiquant de la notion de service public pourront être évaluées du point de vue de leur effectivité réelle ou bien des discours auto légitimant et promotionnels brandis dans des situations de concurrence.
PROGRAMMES
C’est concrètement à travers les programmes que se matérialisent les missions et les intentions des stations. Sous cet angle, les programmes révèlent la façon dont chaque média considère et traite les services aux publics. Au bout du compte, même si tous les programmes peuvent être considérés comme étant autant de services rendus aux auditeurs, habituellement ceux que l’on retient comme appartenant à la catégorie service sont : l’information, l’éducation, la culture, le conseil, la libre antenne, les émissions pour l’enfance et la jeunesse. On remarque souvent que certains types de programmes (documentaires, fictions, créations radiophoniques), se retrouvent essentiellement sur les seules radios de service public au sens institutionnel, leurs cahiers des charges leur en faisant d’ailleurs obligation.
Les coordinateurs de la revue souhaitent publier des articles présentant, de manière analytique et pas seulement descriptive, ces programmes se rangeant dans le registre des émissions de service aux publics et de quelque secteur radiophonique qu’elles puissent émaner. En ce sens, des témoignages particuliers, des monographies, seront recevables ; mais les études comparatives sont encouragées (d’une station ou d’un secteur à l’autre, d’une région ou d’un pays à l’autre).
Calendrier indicatif pour une parution à l’été 2019
- Lancement de l’appel : 5 novembre 2018 ;
- Envois des propositions d’articles : 21 décembre 2018 ;
- Sélection des propositions et notification aux auteurs : 21 janvier 2019 ;
- Remise des articles pour phase d’expertise scientifique : 30 mars 2019 ;
- Retour des expertises : 30 avril 2019 ;
- Navettes avec les auteurs : Mai-Juin 2019 ;
- Parution du numéro : Été 2019.
Les propositions, sous forme de résumés en français d’une longueur d’environ 3000 signes (espaces compris), doivent être envoyées aux deux coordinateurs pour le 21 décembre 2018 au plus tard :
Jean-Jacques Cheval : jjcheval@msha.fr
Etienne Damome : etienne.damome@u-bordeaux-montaigne.fr
Présentant le projet d’article, chaque proposition, en français, comportera un titre, la problématique et la méthodologie, cinq mots-clés et de trois à cinq références bibliographiques. Les noms de(s) auteur(e)s, leurs fonctions et rattachements institutionnels, ainsi que leurs coordonnées complètes (mails, téléphones et adresses postales). Si la proposition doit nous parvenir en français, des contributions finales rédigées en anglais ou en espagnol pourront être publiées, mais dans une proportion minoritaire au sein du futur dossier.
Si leurs propositions sont retenues, les auteur-e-s devront se conformer aux consignes rédactionnelles complètes disponibles sur le site de la revue RadioMorphoses :
www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/09/consignes-redactionnelles/
« Les renouvellements de l’écriture radiophonique : programmes, formes, contenus »
Revue Radiomorphoses, n°4 à paraître en 2018
Extension de la date de retour des propositions au 5 février 2018 !
Coordination : Séverine Equoy Hutin (Université de Bourgogne Franche-Comté) et Christophe Deleu (Université de Strasbourg)
Dans le chapitre conclusif du manuel de la radio, Frédéric Antoine souligne qu’ « en ce début de siècle, la radio connaît de nombreux renouveaux, qui en modifient à la fois les contenus, les formes, les modes de transmission et de réception et revisitent son statut de média de masse » (Antoine, 2016 : 203). C’est ainsi un champ de recherche stimulant qui s’ouvre du côté des modalités de remédiation (Bolter et Grusin, 1999) et de ré-novation (Angé et Renaud, 2012) de la radio. Certes les travaux récents sur la radio insistent largement sur les évolutions liées au numérique et le tournant “postradiophonique” (Poulain, 2010 ; Gago et alii, 2007). S’il n’est pas possible d’en ignorer les enjeux ni d’en minorer l’impact, il ne s’agit pas dans ce dossier de s’en tenir à un questionnement spécifiquement centré sur les relations entretenues entre la radio et les nouvelles technologies numériques mais davantage de questionner les nouvelles pratiques et les nouveaux usages sous l’angle des nouvelles formes que ceux-ci produisent. Car, comme le rappelle Laurent Fauré, « les capacités d’adaptation de la radio à l’ère numérique se trouvent sans doute nourries de ses qualités antérieures et que le web a développées : audience massive, interactivité, instantanéité, technologie ‘légère’ et mobilité des usages […] mais aussi fonctionnements participatifs et de proximité… » (2013 : 8). Plus largement, nous proposons d’explorer les mutations de l’écriture radiophonique en relation avec les environnements quotidiens contemporains, numériques ou non, et les enjeux qu’elles recouvrent sous l’angle des tensions entre l’ancien et le nouveau. En effet, les phénomènes nouveaux « ne naissent pas de novo » (Angé et Renaud, 2012 : 37) et ces renouvellements engendrent des traces (Bachimont, 2017), dans la matérialité de l’écriture (Jeanneret, 2011).
Partant de la fonction d’accompagnement du quotidien (Starkey, 2008) que l’on reconnaît au média radio et notamment de l’idée que celle-ci évolue en relation avec les autres médias, sur le plan des pratiques de production comme de réception, des logiques de programmation et des formes, nous proposons de réunir dans ce dossier des études qui mettent l’accent sur les trans-formations contemporaines de l’écriture radiophonique : les contributions pourront proposer des questionnements théoriques (dans une perspective historique, sociologique, communicationnelle, anthropologique et discursive), méthodologiques (comment saisir l’évolution des formes? comment repérer les traces de ces mutations ?) ou empiriques (quelles innovations et quelles expériences sonores la radio propose-t-elle aujourd’hui ?).
Nouvelles écritures radiophoniques
Le concept d’écriture, entendu comme mode d’agencement des formes résultant d’une intention de rendre une pensée visible et communicable, a fait l’objet de nombreux travaux qui en ont montré toute la complexité (Leroi-Gourhan, Christin, Goody). Son intérêt réside notamment dans le fait qu’il renvoie à la fois à l’instance de production comprenant les logiques de l’ensemble des acteurs professionnels impliqués (Glevarec, 2001), les logiques organisationnelles (éditoriales notamment) et les logiques économiques ; à l’instance de réception (les publics, projetés ou réels) et aux logiques de fidélisation ; et au produit médiatique dans sa matérialité (les choix formels, énonciatifs, rhétoriques et discursifs tenant compte du dispositif – matériau et support -, des genres et formats, de la nature du propos et des systèmes de représentations associés).
L’écriture peut être considérée comme un système technique issu d’un processus animé d’une intention de communiquer, faisant l’objet d’une préparation (enregistrements, montage et travail des sons, structuration de l’émission) et d’une mise en œuvre pensée pour une activité de réception. Plus particulièrement, l’écriture radiophonique met en scène différents éléments « organisés, construits, élaborés selon certaines lignes d’orientation par la volonté d’un producteur ou d‘un auteur radiophonique » (Richard, 1985 : 30) et « recrée efficacement l’illusion d’une continuité cohérente, d’un temps plus intense : le temps de l’écoute » (Saint Martin et Crozat, 2007 : 7). Sa fonction première est d’organiser l’écoute en mettant en scène des éléments disparates dans une forme de flux qui suscite l’image et l’imaginaire (Oliveira, 2011). L’écriture produit et rend visible des traces (Jeanneret, 2011), des actes qui renvoient à des processus de production, de construction et de réception. Ce sont précisément ces dynamiques de variation et d’innovation que nous cherchons à saisir à travers l’observation des dispositifs radiophoniques contemporains.
Deux axes majeurs seront privilégiés pour ce numéro :
Axe 1 : Nouveaux genres, nouvelles formes, nouveaux usages et nouvelles logiques de programmation : avènements, mutations, disparition, réapparition, reconfiguration
Cet axe propose d’interroger la plasticité des genres, la diversité des formats et les relations intermédiatiques que la radio entretient dans leur relation à l’avènement ou au retour de formes ou de modes comme le récit qui, des radios hertziennes aux nouveaux supports radiophoniques, occupe aujourd’hui « des nouveaux espaces, avec un nouveau langage et des nouveaux usages » (Antoine, 2012 : 8). Depuis la typologie des genres radiophoniques des années 30 proposée par Méadel (1994) et l’ouvrage dirigé par Charaudeau (1984), quels renouvellements l’écriture radiophonique a-t-elle connu ? Peut-on détecter des thématiques, des genres et des formats nouveaux et pérennes ? A l’inverse, assiste-t-on à des disparitions, à des explosions ou à des retours en force de certains genres (par exemple issus de la radio numérique et de la web radio) ou de certains formats ? Comment ces thématiques, ces genres, ces formats émergent-ils en relation avec des contextes particuliers ou des évènements ?
Les logiques de programmation et leur évolution en relation avec des logiques économiques et des logiques d’usage méritent également d’être interrogées sous l’angle de l’écriture, des traces et des codes que les initiatives des programmateurs bousculent. Dans cette lignée, on peut questionner les relations à établir entre ces renouvellements, les publics et les nouveaux usages. Par exemple, quels ajustements aux temps sociaux (Glevarec et Pinet, 2007) des auditeurs peut-on observer ? Quelles modalités d’inclusion, de participation et d’interactivité avec l’auditeur, l’écriture radiophonique propose-t-elle aujourd’hui au regard des enjeux de fidélisation, des logiques de spécialisation, de la nature hétérogène des auditoires, des pratiques des publics et du passage au numérique ? Quelle modalités nouvelles d’écriture interactive (Séguy, 2000 ; Schmitt, 2016) et de mise en scène de la parole des autres (Deleu, 2006) peut-on observer à la radio ? Les radios musicales (Glevarec, 2007), compte tenu de leurs spécificités et de leurs contraintes, peuvent aussi être interrogées sous cet angle, de même que la distinction radios privées / radios publiques.
Axe 2 : Processus de production radiophonique et de création sonore : diversités, enjeux, pratiques professionnelles
Un des objectifs de ce dossier est de s’intéresser aux créations et aux initiatives sonores telles qu’elles sont observables aujourd’hui : il s’agit notamment d’observer les dispositifs, d’identifier les acteurs et les contextes de ces performances sonores. Par exemple, des structures comme les radios associatives peuvent constituer des laboratoires de création sonore. Comment ces créations travaillent-elles les formes et la dimension esthétique de la radio (Biewen et Dilworth, 2017 ; Deleu, 2013) ?
Ces initiatives interrogent, renouvellent voire bouleversent les pratiques et les modes d’écriture. Dans le contexte du boom des podcasts et des téléchargements, les sites d’offres de podcasts radiophoniques (Binge, BoxSons, Slate, Arte Radio, Magnéto, Nouvelles écoutes…) redéfinissent la donne. Ces nouvelles offres attirent de nouveaux acteurs et de nouveaux financeurs (Amazon, le financement participatif type crowfunding, les abonnements…) : ces nouveaux acteurs peuvent-ils influencer le fonctionnement des radios ? De quelles manières ?
De façon transversale dans ce dossier consacré à la reconfiguration du périmètre et des formes radiophoniques, se poseront nécessairement des questions méthodologiques : les mutations observables engendrent de nouvelles méthodes d’analyse qui bousculent les approches plus « traditionnelles » de la radio. Ainsi, les disciplines qui développent une approche communicationnelle de l’écriture radiophonique et qui s’intéressent à ses enjeux matériels, sociaux et culturels réinterrogent leur modèle d’analyse. Quels types d’approche permettent de mieux saisir ces mutations (discursive, socio-technique, socio-sémiotique, sémio-pragmatique…) ? Dans quelle mesure les enquêtes de terrain permettent-elles de documenter les processus de production (Fauré, 2012) et d’observer ces mutations (Wolff, 2016) ?
Ce dossier sera donc également l’occasion de mettre en lumière des approches permettant de rendre compte des mutations de l’écriture radiophonique liées par exemple à l’intermédialité (Gaudreault et Marion, 1998 ; Müller, 1996) et à l’élargissement des frontières du radiophonique dans une perspective qui dépasse la question du support pour penser les modalités de reconfiguration des formes et des pratiques.
Bibliographie indicative :
Angé Caroline et Renaud Lise, 2012, « Les écritures émergentes des objets communicationnels. De la rénovation », Communication & langages, 2012, pp. 35-39.
Antoine Frédéric (coord.), 2012, Radio et narration. De l’enchantement ou réenchantement, Recherches en communication, 37, UCL, Louvain-La-Neuve.
Antoine Frédéric (dir), 2016, Analyser la radio. Méthodes et mises en pratique, de Boeck, Louvain-La-Neuve.
Bachimont, Bruno, 2017, Patrimoine et numérique : Technique et politique de la mémoire, Paris, Ina Editions
Bolter J. et Grusin R. (1999), Remediation : undestarding New Media, MIT Press.
Biewen, John ; Dilworth, Alexa (Éd.), 2017, Reality radio. Telling true stories in sound, Durham N.C, University of Carolina Press, (2nd edition).
Bouchardon Serge, Cailleau Isabelle, Crozat Stéphane, Bachimont Bruno, Thibaud Hulin, 2011, « Explorer les possibles de l’écriture multimédia », Les Enjeux de l’information et de la communication, 2/2011 (n° 12/2), pp. 11-24.
Charaudeau, Patrick (dir.), 1984, Aspects du discours radiophonique, Didier-Érudition, Paris.
Cheval, Jean-Jacques, 2008, « De la radio à la postradio », Médiamorphoses n° 23, Bry-sur-Marne, INA, pp. 23-29
Deleu, Christophe, 2013, Le documentaire radiophonique, Paris, INA/L’Harmattan, coll. Médias Recherches.
Deleu, Christophe, 2006, Les anonymes à la radio. Usages, fonctions et portée de leur parole, Bruxelles, De Boeck/INA, coll. Études.
Fauré, Laurent, 2013, « Analyser les pratiques discursives radiophoniques : nouveaux enjeux et perspectives », Cahiers de praxématique [En ligne], 61, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 09 mars 2017. URL : http://praxematique.revues.org/2429
Gago, Laurent, Cheval, Jean-Jacques & Gire, Silvain, 2007, « ARTE Radio.com : la radio est un art, pas seulement un transistor », Médiamorphoses, 23, Entretien avec L. Gago & J.-J. Cheval, pp. 133-138.
Gaudreault, André et Marion, Philippe, 1998, « Transécriture et médiatique narrative. L’enjeu de l’intermédialité », in André Gaudreault (dir.), Thierry Groensteen (dir.), La Transécriture. Pour une théorie de l’adaptation, Québec/Angoulême, Nota Bene/Centre national de la bande dessinée et de l’image, pp. 31-52
Glevarec Hervé, 2014, « Le propre de la radio. Fonctions radiophoniques et nouveau statut de la radio dans l’environnement numérique », Le Temps des médias, 22, pp. 123-133.
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Calendrier pour une parution à l’automne 2018
- lancement de l’appel : 1er décembre 2017
- retours des propositions aux coordinateurs : 15 janvier 2018
- décision communiquée aux auteurs : début février 2018
- retours des articles pour phase d’expertise : 1er mai 2018
- retour d’expertises : juin 2018
- phase de retravail des articles après retour d’expertise : juin-octobre 2018
- dépôt du numéro à la revue : novembre-décembre 2018
- hiver 2018 : mise en ligne
Les propositions, sous forme de résumés en français d’une longueur d’environ 3000 signes (espaces compris), doivent être envoyées aux deux coordinateurs :
Christophe Deleu : lalointaine@gmail.com
Séverine Equoy Hutin : severine.equoy-hutin@univ-fcomte.fr
Afin de préserver l’anonymat des propositions, la première page doit contenir : le titre de la proposition, les noms, les coordonnées de l’auteur ou des auteurs et leur affiliation institutionnelle, ainsi que cinq mots-clés. Les pages suivantes présenteront le titre, le texte de la proposition et une courte bibliographie. Dans la phase de rédaction des articles, les auteurs se reporteront aux consignes publiées sur le site de la revue : http://www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/09/consignes-redactionnelles/
« La radio en Afrique au XXIème siècle: mutations et enjeux »
Coordination : Etienne DAMOME (Université Bordeaux Montaigne), Sylvie CAPITANT (Université Paris 1), Nozha SMATI (Université Lille 3)
Alors que le continent Africain a été durablement présenté comme un espace privilégié du média radiophonique, les mutations profondes que connait le secteur médiatique, en Afrique comme ailleurs, tendent à redéfinir les pratiques, les usages et les modalités de fonctionnement de la radio en Afrique au début de ce XXIème siècle.
Les évolutions sont d’abord structurelles. Le secteur radiophonique, hérité de la libération des ondes des années 1990, est désormais relativement stabilisé. Mais beaucoup de radios, dans leur diversités (commerciales, associatives, publiques, religieuses) restent fragiles et peinent à définir un modèle économique durable dans un contexte de raréfaction des ressources extérieures, de modestie du secteur économique intérieur tout particulièrement dans les pays francophones, et une relance de la concurrence avec les projets d’informations numériques.
Un tiers secteur – qui n’a pas fini de s’inventer – s’est aussi développé. Divers acteurs de la société civile (associations, ONG, groupes religieux) font preuve d’une grande imagination pour couvrir tous les domaines de la vie sociale et culturelle. Des stations communautaires et associatives de toutes sortes contribuent ainsi à rapprocher encore plus la radio des populations et à faciliter son appropriation par les couches les plus populaires des sociétés africaines contemporaines.
Les mutations sont également technologiques. Le processus de numérisation est inconditionnellement en marche. Cependant il est loin d’être uniforme et d’engager le secteur dans sa globalité. Il existe en effet des inégalités parfois très grandes d’accès aux nouveaux équipements à l’échelle régionale, les radios de certains pays étant plus avancées que celles d’autres pays. Ce décalage existe aussi à l’intérieur d’un même pays, l’accès aux nouvelles normes techniques étant favorable à une minorité de promoteurs de radios qui ont les moyens de s’équiper et défavorable à une majorité constituée de promoteurs de radios associatives ou communautaires et de radios privées locales. Les inégalités existent par ailleurs entre les milieux urbains et les milieux ruraux, plus précisément entre capitales/grandes métropoles et le reste des territoires, notamment à cause de l’inégalité au niveau des équipements électriques.
Ces mutations technologiques ont des implications culturelles par la redéfinition du rapport au local qu’elles engendrent. Les TIC renouvellent considérablement aujourd’hui les audiences en donnant aux radios locales une diffusion internationale, grâce à la réception par les membres des différentes communautés linguistiques disséminés dans la diaspora. En même temps, elles renforcent leur ancrage local et identitaire, grâce à une couverture améliorée du
territoire. Mais les TIC transforment aussi les formes de participation, le développement de la téléphonie mobile ayant fait revenir à la radio des publics plus jeunes et plus urbains, tentés par l’écoute en mobilité, et renouvelé les moyens d’une co-construction de contenus médiatiques.
Les usages des TIC et du numérique créent de nouvelles pratiques professionnelles et médiatiques. On peut évoquer les tâches spécifiques liées à la diffusion sur Internet ou sur satellite. Mais il faut surtout noter l’intégration de plus en plus importante du téléphone mobile dans la production et la diffusion de l’information. Si ce nouvel outil « du pauvre » permet aux stations de contourner les limites imposées par le manque de matériel professionnel performant, il pose problème à ceux qui désirent des produits radiophoniques de qualité. Par ailleurs, il semble avoir fragilisé un peu plus la sécurité des journalistes en rendant plus facilement accessibles leurs données privées.
Enfin, les mutations sont aussi de nature sociale et politique. Les radios, malgré la montée en force d’autres outils d’information, sont les médias qui utilisent le plus les langues nationales africaines, se dotant ainsi d’une force de proximité et de diffusion inestimable. Les radios se sont aussi montrées capables d’assurer un rôle capital dans bon nombre de soulèvements populaires récents, les exemples burkinabè et burundais, bien que très différents, en sont une illustration frappante. Aussi dans le contexte postrévolutionnaire au Maghreb, le lancement de nouvelles radios constitue t-il un levier pour la promotion de la liberté d’expression et du processus de transition démocratique. En Tunisie, la création de radios privées et associatives, soutenues par des organismes nationaux et internationaux, contribue à la diversification du secteur audiovisuel. En dépit des multiples contraintes (juridiques, techniques, économiques, etc.) qui entravent leur fonctionnement, la naissance de ces radios est significative d’autant plus que la culture associative et citoyenne est récente dans ce pays. Le foisonnement de ces
médias, acteurs de la transition démocratique et de contre-pouvoir, reflète in fine une forte aspiration citoyenne à une information alternative et pluraliste, à une voix dissonante aux médias dominants.
La radio, loin d’être reléguée dans les bois sacrés de la tradition, se renouvelle et s’adapte. Le dossier invite les chercheurs et les professionnels à réfléchir sur les pratiques et les enjeux de ces métamorphoses.
Espaces géographiques
Malgré la diversité des situations, ce dossier s’intéresse à l’Afrique dans sa globalité dans le but de faire apparaître les spécificités sous régionales et parfois même nationales. Les données de l’Afrique du Nord sont autant attendues que celles de l’Afrique subsaharienne. Par ailleurs les exemples des pays anglophones ou lusophones seront particulièrement appréciés, surtout s’ils permettent une comparaison avec ceux de l’Afrique francophone.
Axes thématiques
Ce dossier souhaite interroger chercheurs et professionnels sur toutes ces questions et celles qui leur sont liées à travers cinq axes principaux.
Axe1 : Mutations structurelles, stratégiques et règlementaires
Qu’en est-il de la place de la radio aujourd’hui en Afrique ? Est-elle toujours le média roi ou les autres médias, sociaux ou non, sont-ils en train de la reléguer aux seules zones rurales ?
Voit-on se mettre en place des stratégies médiatiques sur le long terme ? Invente-t-on des modèles économiques viables ? Y a-t-il des formes innovantes de gouvernance en particulier dans les radios du tiers secteur ? La régulation a-t-elle suivi ces évolutions ?
Axe2 : Conséquences sociales, culturelles et juridiques des mutations liées au numérique
Quels sont les exemples de numérisation réussie ? Dans quelle mesure cette évolution pourrait-elle présenter de nouvelles opportunités pour le paysage radiophonique africain et en même temps maintenir l’ancrage local et le lien privilégié avec le public africain ? Quels sont les risques pour la perte d’identité des radios communautaires ? Quelle possibilité pour les radios privées de conserver la main sur leur diffusion dans des pays autoritaires ?
Axe3 : Implications des mutations technologiques sur la réception
Quels publics ? Quelles formes de participation les TIC permettent-elles ? Quelles incidences ont-elles sur l’accès aux contenus informationnels ? Quelles productions citoyennes d’informations enregistre-t-on ? Quels nouveaux usages citoyens de la radio observe-t-on ?
Par ailleurs, y a-t-il une réelle amélioration des conditions de réception ? Quelles catégoriesde la société en bénéficient le plus ?
Axe4 : Transformations des pratiques professionnelles
Quels sont les différents usages et appropriations des TIC en journalisme radiophonique ?
Quels impacts ces usages ont-ils sur les pratiques et identités professionnelles ? Y a-t-il des risques pour une information de moindre qualité ? Y a-t-il des risques pour un bon exercice du métier et pour la sécurité personnelle du journaliste radio ? Quels rapports les journalistes entretiennent-ils avec leurs sources et leurs publics?
Axe 5 : Rôle politique et social des radios ?
Quel rôle des radios dans les crises politiques et sociales ? La place des acteurs radiophoniques dans l’espace public ? Leur capacité à soutenir des débats démocratiques ou alors à renforcer les oppositions ? Leur capacité à faire dialoguer ? Leur capacité à la redevabilité des acteurs politiques et économiques ? Se sont-elles autonomisées de l’approche très prégnante des bailleurs de fonds qui les lient au projet développementaliste ?
Soumission et procédure d’évaluation
L’évaluation sera assurée en double aveugle par le comité de lecture sur la base d’un résumé en français ou en anglais de 3500 signes au format Word comportant un titre, le nom de (des) auteur-e(s), son affiliation universitaire, ses coordonnées complètes. L’auteur précisera la problématique, les objectifs ainsi que quelques références bibliographiques. Les consignes de r rédaction et recommandations aux auteurs sont disponibles sur le carnet de recherche RadioGraphy : http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/1185/files/2015/07/ICI.pdf
Les propositions sont à adresser au plus tard le 15 décembre 2015 aux trois adresses suivantes : etiennedamome@gmail.com ; sylviecapitant@rocketmail.com ; nozha.smati@univ-lille3.fr
Calendrier
15 décembre 2015 : soumission du résumé
15 janvier 2016 : Sélection des propositions et notifications aux auteurs
15 mars 2016 : remise des articles intégraux (entre 30000 et 35000 signes espaces, notes et
bibliographie compris)
Comité de lecture
ANTOINE Frédéric, Université Louvain-la-Neuve, Belgique
AMSIDDER Abderrahmane, Université IBN Zohr Agadir, Maroc
ASSOGBA Henri, Université de Laval, Canada
AW Rokaya Eugénie, CESTI, Sénégal.
BART Annie, Université Bordeaux Montaigne, France
CANDEL Etienne, Université Paris 4, France
DA LAGE Émilie, Université Lille 3, France
FAURÉ Laurent, Université de Montpellier, France
FRÈRE Marie-Soleil, Université de Bruxelles, Belgique
GAZI Angeliki, Université de Limassol, Chypre
GUAYBESS Tourya, Université de Lorraine, France
KIYINDOU Alain, Université Bordeaux Montaigne, France
MEYER Vincent, Université de Nice Sophia Antipolis, France
SANTOS SAINZ Maria, Université Bordeaux Montaigne, France
STARKEY Guy, Université de Sunderland, Royaume-Uni
ZAMIT Fredj, Université de la Manouba, Tunisie