Andrea Cohen, Les compositeurs et l’art radiophonique, Paris, L’Harmattan, 2015, 236 pages.

Christophe DELEU

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L’on parle aujourd’hui davantage de création sonore que de création radiophonique. Il peut alors être intéressant de se demander quels liens ont tissé l’art et la radio. Si l’on sait très bien que la radio est un vecteur culturel au service des arts, en revanche que la radio soit un art elle-même est une chose moins connue, voire moins admise. Il est vrai que les programmes relevant de l’art radiophonique sont peu nombreux, et diffusés par un nombre infime de stations.

C’est donc avec le sentiment que tout ouvrage traitant de cette question est le bienvenu que l’on commence la lecture de l’ouvrage d’Andréa Cohen, musicienne, productrice de radio, et docteure en musicologie du XXème siècle et dont le premier mérite est de s’être penchée sur cette thématique.

L’auteure a voulu étudier le lien entre les compositeurs et l’art radiophonique. L’ouvrage adopte une perspective diachronique, et nous permet de comprendre comment les artistes ont investi le champ radiophonique, à l’opposé de la thèse selon laquelle la radio n’aurait été qu’au service du mercantilisme. Il est rappelé que les artistes ont apprécié la qualité plastique du son enregistré, les relations entre texte et narration, et l’oralité propre au média. Le travail des « pionniers » est largement décrit dans des chapitres qui établissent des ponts entre l’art radiophonique et les autres arts. Cet art radio, qui naît dès le début des années 1920, s’inscrit dans un mouvement plus large de décloisonnement des arts, et de révolution technologique. Les possibilités offertes par le montage correspondent bien aux orientations de mouvements tels que le cubisme. Les mouvements futuristes russe et italien (aux idéologies pourtant antagonistes) font la part belle au sonore, qui favorise de nouvelles esthétiques. Les conditions technologiques, bien que rudimentaires à cette époque, permettent une représentation inédite du monde. A travers une perspective internationale, les apports des principaux artistes sont énumérés : Vertov, Marinetti, Russolo, ainsi que les recherches menées en Allemagne sous la république de Weimar (1919-1933). Il ne reste malheureusement que peu de traces de ces œuvres, celles-ci étant généralement réalisées sur des disques dont la durée de vie était assez limitée. Seules celles réalisées sur de la pellicule cinématographique, à l’instar de Wochenende de Ruttmann (1930), peuvent encore être écoutées aujourd’hui.

L’ouvrage entame ensuite une perspective plus monographique et a le mérite de retracer une histoire de l’art radiophonique peu connue. C’est bien sûr le rôle des musiciens qui est au centre de cette étude. Le lecteur pourra ainsi savoir quel rôle ont joué des auteurs aussi différents que Pierre Schaeffer (co-inventeur avec Pierre Henry de la musique concrète), John Cage, Luciano Berio, et Mauricio Kagel. Les principales œuvres de ces créateurs sont présentées de manière didactique, et l’on aimerait entendre des extraits tout en lisant leur description.

Dans une seconde partie, Andréa Cohen s’intéresse davantage à l’élaboration formelle d’une pièce radiophonique, et aux matériaux qu’elle convoque. Les conditions de production et de diffusion d’écoute sont aussi interrogées. Cette partie, plus analytique, a pour ambition de tenter de définir ce qu’est l’art radiophonique. Il y est fait mention de l’apport de l’émission Atelier de création radiophonique sur France Culture, créée en 1969, et des recherches menées par la radio allemande WDR3. Cette partie se heurte à des difficultés relatives aux recherches sur l’esthétique. L’on suit l’auteure dans certaines de ses tentatives de catégorisation (les matériaux radiophoniques découpés en « voix », « bruits » et « musique »). Mais d’autres classifications peuvent être interrogées. « L’organisation des sons » est ainsi composée, pour l’auteure, de « sons concrets », de « sons en situation », « d’archétypes sonores », et de « citations musicales et textuelles ». Pourquoi pas, mais la typologie aurait mérité davantage de développements, et une illustration par un corpus d’œuvres. Les mêmes remarques pourraient accompagner la présentation de certains genres radiophoniques (le documentaire, la fiction, le hörspiel) dont les tentatives de définition restent trop brèves. Dans cette partie, le véritable thème de l’ouvrage n’apparaît finalement qu’assez tardivement, et assez secondairement. L’auteur interroge alors les raisons qui ont conduit les compositeurs (Bayle, Frize, Ferrari, Rosset, Roudier…) à investir le champ de la radio. Mais cette partie pêche par son laconisme, et s’avère assez descriptive. On aurait aimé les mêmes développements que ceux de la première partie. Ce livre est l’adaptation d’une thèse académique en musicologie du XXe siècle, qui a été forcément réduite et adaptée pour sa publication. Le lecteur exigeant et passionné par le sujet aura certainement la ressource de se tourner vers le texte initial pour trouver réponses aux questions posées ci-dessus.

Pour citer cet article

Référence électronique

Christophe DELEU, « Andrea Cohen, Les compositeurs et l’art radiophonique, Paris, L’Harmattan, 2015, 236 pages. », RadioMorphoses, [En ligne], n°1 – 2016, mis en ligne le «18/11/2016», URL: http://www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/30/andrea-cohen-les-compositeurs-et-lart-radiophonique-paris-lharmattan-2015-236-pages/

Auteur

Christophe DELEU est Professeur en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Strasbourg (SAGE -UMR CNRS 7363).

Courriel : lalointaine@gmail.com

Visibilité des femmes à la radio en 2015. Stéréotypes et discriminations. Compte-rendu du projet GMMP 2015 pour le pôle radio

Béatrice DONZELLE

Anne-Caroline FIÉVET

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Le projet GMMP (Global Media Monitoring Project) regroupe des volontaires d’une centaine de pays dans le monde (114 en 2015) dans le but d’étudier la présence des femmes dans les médias. Ce projet est piloté par l’ONG internationale WACC (World Association for Christian Communication), en collaboration avec MMA (Media Monitoring Africa). Il existe depuis 1995 et a lieu tous les 5 ans.

Pour la France, la 4ème édition (2015)  a été coordonnée par Cécile Méadel et a consisté en l’analyse de la presse, la radio, la télévision et les médias électroniques (Internet et twitter). Le pôle radio était constitué de six monitrices : Laetitia Biscarrat (coordinatrice), Cégolène Frisque, Cécile Gréboval ainsi que, pour le GRER, Béatrice Donzelle, Anne-Caroline Fiévet et Isabel Guglielmone.

C’est la date du 25 mars qui a été choisie (date commune à tous les pays). Nous avons décidé de monitorer la tranche d’information matinale de huit radios, six radios nationales (BFM Business, Europe 1, France Info, France Culture, RMC et RTL) et deux radios régionales (France Bleue Provence et Hitwest). Le monitorage consiste d’une part à noter qui parle et de qui on parle (homme/femme ; analyse quantitative) et, d’autre part, de relever les stéréotypes récurrents qui mettent en scène les femmes (comme, par exemple, le fait de les présenter comme des ménagères plutôt que comme des personnes occupant des postes à responsabilité ; analyse qualitative).

Nous allons présenter les résultats quantitatifs obtenus en 2015 pour la radio et les mettre en perspective d’une part avec les résultats obtenus en 2010 et d’autre part avec ceux obtenus dans les pays frontaliers en partie francophones (Belgique, Luxembourg et Suisse) et avec les résultats mondiaux. Nous envisagerons la présentation de ces résultats selon deux axes : les femmes comme sources de nouvelles à la radio et les femmes journalistes à la radio.

Les femmes comme sources des nouvelles à la radio

Pour la France, le pourcentage de femmes qui sont les sources de nouvelles à la radio a baissé entre 2010 et 2015, il est passé de 29% à 23%. Il est en légère augmentation pour les deux autres médias traditionnels, passant de 21% à 22% pour la presse et de 35% à 38% pour la télévision.

Tableau 1. Pourcentage de femmes sources des nouvelles dans les médias français en 2010[1] et 2015[2].

Radio Presse Télévision
2010 2015 2010 2015 2010 2015
Femmes sources des nouvelles 29% 23% 21% 22% 35% 38%

Si on compare ces résultats avec ceux des pays frontaliers en partie francophones, on constate que le pourcentage de femmes sources des nouvelles en 2015 est le même en France, en Belgique et en Suisse (23%). Depuis 2010, il a quelque peu baissé en Belgique (s’élevait à 25%) et a très légèrement augmenté en Suisse (s’élevait à 22%). Au Luxembourg, ce pourcentage est seulement de 18% en 2015 (17% en 2010). Notons que, pour la Belgique, c’est le rapport de la partie francophone qui a été étudié (il existe un autre rapport pour les Flandres), donc les radios monitorées sont exclusivement francophones alors que pour la Suisse et le Luxembourg, les radios monitorées peuvent être en français ou dans une langue du pays (allemand, italien, luxembourgeois…).

Tableau 2. Pourcentage de femmes sources des nouvelles à la radio en Belgique, au Luxembourg et en Suisse en 2010 et 2015.

  Belgique Luxembourg Suisse
  2010[3] 2015[4] 2010[5] 2015[6] 2010[7] 2015[8]
Femmes sources des nouvelles 25% 23% 17% 18% 22% 23%

Les résultats pour la France, la Belgique et la Suisse sont un peu au-dessus de la moyenne mondiale qui est de 21% en 2015 (22% en 2010).

Tableau 3. Pourcentage de femmes sources des nouvelles à la radio, résultats mondiaux, en 2010 et 2015.

2010[9] 2015[10]
Femmes sources des nouvelles 22% 21%

 

Les femmes journalistes à la radio

Pour la radio, en France, le taux de journalistes femmes (présentatrices et reporters confondues) chute considérablement puisqu’il passe de 53% en 2010 (où il était le média traditionnel qui comportait le plus de femmes journalistes proportionnellement) à 28% en 2015. Pour la presse, ce pourcentage est stable (48%) et pour la télévision, il est en augmentation (passant de 36% de femmes journalistes en 2010 à 44% en 2015).

Tableau 4. Pourcentage de femmes journalistes dans les médias français en 2010 et 2015

  Radio Presse Télévision
  2010 2015 2010 2015 2010 2015
Femmes journalistes 53% 28% 48% 48% 36% 44%

Si on compare de nouveau ce pourcentage avec celui obtenu en Belgique, au Luxembourg et en Suisse, on constate que, cette fois, c’est le Luxembourg qui obtient le pourcentage le plus élevé de femmes journalistes radio (55% ; pas de pourcentage disponible pour 2010). Ce pourcentage a fortement baissé en Suisse (passant de 42% en 2010 à 30% en 2015), il a quelque peu augmenté en Belgique mais est relativement bas (passant de 27% en 2010 à 29% en 2015).

Tableau 5. Pourcentage de femmes journalistes dans les radios en Belgique, Luxembourg et Suisse en 2010 et 2015

  Belgique Luxembourg Suisse
  2010 2015 2010 2015 2010 2015
Femmes journalistes 27% 29% 55% 42% 30%

Au niveau mondial, les pourcentages de femmes sont globalement plus élevés que ceux obtenus pour la France, la Belgique ou la Suisse. Les différents tableaux ou résultats ici mentionnés sont issus du rapport mondial de monitorage des médias 2015. Entre 2010 et 2015, le pourcentage de femmes présentatrices a eu tendance à baisser (passant de 45% en 2015 à 41% en 2010) alors que le pourcentage de femmes reporters radio a augmenté (passant de 37% à 41%).

Tableau 6. Pourcentage de femmes journalistes dans le monde en 2010 et 2015

  2010 2015
Présentatrices radio 45% 41%
Femmes reporters radio 37% 41%

Les disparités sont fortes : ces pourcentages sont élevés pour les pays du Pacifique (61%) ou de l’Asie (51%) ce qui pourrait «  s’expliquer par le fait qu’un plus grand nombre de femmes agissent à titre de lectrices de nouvelles ou de présentatrices, alors que leur nombre est beaucoup plus faible en tant que reporters ». L’Amérique latine (36%) et surtout l’Amérique du Nord (26%) occupent le bas du tableau, alors que l’Europe se situe dans la moyenne (41%).

Tableau 7. Visibilité des femmes journalistes radio dans le monde en 2015, classement géographique 

Région du monde % de femmes journalistes à la radio en 2015
Pacifique 61%
Asie 56%
Moyen-Orient 50%
Caraïbes 45%
Afrique 44%
Europe 40%
Amérique latine 36%
Amérique du Nord 26%

 

Discussion et perspectives

Le projet GMMP comporte également une partie qualitative : il est demandé aux monitrices et moniteurs de relever les cas de reportages manifestement stéréotypés, ceux qui sont stéréotypés de manière plus subtile, les occasions manquées (qui auraient pu comporter une référence au genre et qui ne l’ont pas fait), les reportages qui contestent les stéréotypes, ceux qui démontrent l’impact différentiel de situations particulières sur les femmes et sur les hommes et enfin les reportages qui mettent en lumière des problèmes touchant à l’égalité ou à l’inégalité entre les femmes et les hommes. Tous les pays ne présentant pas ces résultats qualitatifs dans leur rapport final, voici les trois exemples qui ont pu être relevés pour la radio :

  • En 2015, les monitrices françaises [11] ont pu mettre au jour un stéréotype léger sur Europe 1 lors d’un reportage qui relate une émission de télévision destinée à aider les personnes à trouver un logement : deux femmes y sont présentées de façon dénigrante, le reportage insistant sur leur âge et sur leur apparence.
  • En 2010, en France [12], c’est un reportage contestant les stéréotypes qui avait été mis en avant dans le rapport final : sur France Info, une journaliste fait un reportage sur la sortie du film Twilight et évoque des fans « adolescents » et non « adolescentes » comme cela aurait pu être attendu.
  • Le rapport luxembourgeois de 2015 [13] décrit une situation d’occasion manquée : sur radio 100.7, lors d’un reportage sur une affaire juridique mettant en cause une chaîne de restaurants américaine, une journaliste précise que cette chaîne n’emploie que du personnel féminin et lui impose une tenue légère. Or, dans l’émission des informations du soir, un journaliste de sexe masculin ne reprend pas cette information.

Les résultats obtenus pour la radio en 2015 sont-ils alarmants ? Au niveau mondial, les chiffres n’ont que peu évolué depuis 2010, ce qui confirme l’idée d’un « plafond de verre [14] » atteint depuis une dizaine d’années. Pour la France, si le pourcentage de femmes sources des nouvelles est proche de la moyenne mondiale, celui des femmes journalistes a baissé de façon très inquiétante (passant de 53% à 28%). Notons toutefois qu’il est proche des pourcentages relevés en Belgique (29%) et en Suisse (30%). En France, ce chiffre de 28% est peut-être dû au fait que les radios monitorées en 2015 ne sont pas tout à fait les mêmes qu’en 2010. En effet, comme le montre le tableau 8, deux radios nationales privées (BMF Business et RMC) ont été ajoutées entre 2010 et 2015 et une radio nationale publique a été retirée (France Inter), laissant certes la place à une radio régionale publique (France Bleue Provence). Si on ajoute à cela le fait que le personnel de Radio France était en grève le 25 mars 2015 et qu’il n’y a donc pas eu de reportages (donc potentiellement de reporters femmes), cela pourrait expliquer pourquoi ce pourcentage est aussi bas, Radio France étant de tradition plus ouverte aux femmes que les radios privées.

Tableau 8. Radios étudiées pour GMMP en France, comparaison entre 2010 et 2015

2010 2015
Radio nationales privées RTL

Europe 1

RTL

Europe 1

BFM Business

RMC

Radios nationales publiques France Info

France Culture

France Inter

France Info

France Culture

Radios régionales privées Hit West Hit West
Radio régionales publiques France Bleue Provence

Pour le savoir, il faudrait mener d’autres études, sans attendre 2020 et le prochain GMMP. En 2010, Marlène Coulomb-Gully proposait qu’un baromètre annuel [15] soit mis en place afin de pouvoir tester les médias dans leur représentation du Genre. Pour la radio, ces études pourront être poursuivies dans le cadre des travaux du Groupe de recherches et d’études sur la radio.

Notes

[1] Marlène Coulomb-Gully, Projet mondial de monitorage des médias 2010. Rapport national France. http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Imported/reports_2010/national/France.pdf

[2] Cécile Méadel, Projet mondial de monitorage des médias 2015. Rapport national France. http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Imported/reports_2015/national/France.pdf

[3] Martine Simonis, Halima El Haddadi, Projet mondial de monitorage des médias 2010. Rapport national Belgique (francophone). http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Imported/reports_2015/national/Belgique_FR.pdf

[4] Martine Simonis, Halima El Haddadi, Projet mondial de monitorage des médias 2015. Rapport national  Belgique (francophone). http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Imported/reports_2015/national/Belgique_FR.pdf

[5] Marlies Hesse, Medien Beobachtung 2010 in Luxembourg, Frauenpräsenz in den Nachrichten. http://www.cnfl.lu/site/Medienbeobachtung%202010%20in%20Luxemburg_Anmerkungen.pdf

[6] Christa Brömmel, Anik Raskin, Projet mondial de monitorage des médias 2015. Rapport national Luxembourg. http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Imported/reports_2015/national/Luxembourg.pdf

[7] Carolina Carvalho Arruda, Sylvie Durrer, Qui fait les nouvelles en Suisse ? Supplément au projet mondial de monitorage des médias, 2010. http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Reports/Suisse_-Fr.pdf

[8] Maria Pilotto, Switzerland Global Media Monitoring Project 2015, national report. http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Imported/reports_2015/national/Switzerland.pdf

[9] Sarah Macharia, Dermot O’Connor, Lilian Ndangam, Rapport GMMP, Projet mondial de monitorage des médias 2010. http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Imported/reports_2010/global/gmmp_global_report_fr.pdf

[10] Sarah Macharia, Rapport GMMP, Projet mondial de monitorage des médias 2015. http://cdn.agilitycms.com/who-makes-the-news/Imported/reports_2015/global/gmmp_global_report_fr.pdf

[11] Cécile Méadel, 2015, op.cit., p.27

[12] Marlène Coulomb-Gully, 2010, op.cit., p.13

[13] Christa Brömmel, Anik Raskin, 2015, op.cit., p.26-27

[14] Sarah Macharia, 2015, Op.cit.,  p.54.

[15] Marlène Coulomb-Gully, 2010, op.cit., p.14

Pour citer cet article

Référence électronique

Béatrice DONZELLE, Anne-Caroline FIÉVET, «Visibilité des femmes à la radio en 2015. Stéréotypes et discriminations. Compte-rendu du projet GMMP 2015 pour le pôle radio», RadioMorphoses, [En ligne], n°1 – 2016, mis en ligne «18/11/2016», URL :   http://www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/30/compte-rendu-du-projet-gmmp-2015-pour-le-pole-radio/

Auteures

Béatrice DONZELLE est Docteure en Histoire culturelle, ATER à l’IUT MMI de Mulhouse.

Courriel : beadonzelle@yahoo.fr

Anne-Caroline FIÉVET, est Docteure en linguistique, ingénieure de recherche EHESS Paris.

Courriel : anne-caroline.fievet@ehess.fr

La radio en Afrique au XXIème siècle: mutations et enjeux.

APPEL A CONTRIBUTIONS

La radio en Afrique au XXIème siècle: mutations et enjeux. Revue RadioMorphoses

Coordination : Etienne DAMOME (Université Bordeaux Montaigne), Sylvie CAPITANT (Université Paris 1), Nozha SMATI (Université Lille3)

Alors que le continent Africain a été durablement présenté comme un espace privilégié du média radiophonique, les mutations profondes que connait le secteur médiatique, en Afrique comme ailleurs, tendent à redéfinir les pratiques, les usages et les modalités de fonctionnement de la radio en Afrique au début de ce XXIème siècle.

Les évolutions sont d’abord structurelles. Le secteur radiophonique, hérité de la libération des ondes des années 1990, est désormais relativement stabilisé. Mais beaucoup de radios, dans leur diversités (commerciales, associatives, publiques, religieuses) restent fragiles et peinent à définir un modèle économique durable dans un contexte de raréfaction des ressources extérieures, de modestie du secteur économique intérieur tout particulièrement dans les pays francophones, et une relance de la concurrence avec les projets d’informations numériques. Un tiers secteur – qui n’a pas fini de s’inventer – s’est aussi développé. Divers acteurs de la société civile (associations, ONG, groupes religieux) font preuve d’une grande imagination pour couvrir tous les domaines de la vie sociale et culturelle. Des stations communautaires et associatives de toutes sortes contribuent ainsi à rapprocher encore plus la radio des populations et à faciliter son appropriation par les couches les plus populaires des sociétés africaines contemporaines.

Les mutations sont également technologiques. Le processus de numérisation est inconditionnellement en marche. Cependant il est loin d’être uniforme et d’engager le secteur dans sa globalité. Il existe en effet des inégalités parfois très grandes d’accès aux nouveaux équipements à l’échelle régionale, les radios de certains pays étant plus avancées que celles d’autres pays. Ce décalage existe aussi à l’intérieur d’un même pays, l’accès aux nouvelles normes techniques étant favorable à une minorité de promoteurs de radios qui ont les moyens de s’équiper et défavorable à une majorité constituée de promoteurs de radios associatives ou communautaires et de radios privées locales. Les inégalités existent par ailleurs entre les milieux urbains et les milieux ruraux, plus précisément entre capitales/grandes métropoles et le reste des territoires, notamment à cause de l’inégalité au niveau des équipements électriques.

Ces mutations technologiques ont des implications culturelles par la redéfinition du rapport au local qu’elles engendrent. Les TIC renouvellent considérablement aujourd’hui les audiences en donnant aux radios locales une diffusion internationale, grâce à la réception par les membres des différentes communautés linguistiques disséminés dans la diaspora. En même temps, elles renforcent leur ancrage local et identitaire, grâce à une couverture améliorée du territoire. Mais les TIC transforment aussi les formes de participation, le développement de la
téléphonie mobile ayant fait revenir à la radio des publics plus jeunes et plus urbains, tentés par l’écoute en mobilité, et renouvelé les moyens d’une co-construction de contenus médiatiques.
Les usages des TIC et du numérique créent de nouvelles pratiques professionnelles et médiatiques. On peut évoquer les tâches spécifiques liées à la diffusion sur Internet ou sur satellite. Mais il faut surtout noter l’intégration de plus en plus importante du téléphone mobile dans la production et la diffusion de l’information. Si ce nouvel outil «dupauvre » permet aux stations de contourner les limites imposées par le manque de matériel professionnel performant, il pose problème àceux qui désirent des produits radiophoniques de qualité. Par ailleurs, il semble avoir fragilisé un peu plus la sécurité des journalistes en rendant plus facilement accessibles leurs données privées.

Enfin, les mutations sont aussi de nature sociale et politique. Les radios, malgré la montée en force d’autres outils d’information, sont les médias qui utilisent le plus les langues nationales africaines, se dotant ainsi d’une force de proximité et de diffusion inestimable. Les radios se sont aussi montrées capables d’assurer un rôle capital dans bon nombre de soulèvements populaires récents, les exemples burkinabè et burundais, bien que très différents, en sont une illustration frappante. Aussi dans le contexte postrévolutionnaire au Maghreb, le lancement de nouvelles radios constitue t-il un levier pour la promotion de la liberté d’expression et du processus de transition démocratique. En Tunisie, la créationde radios privées et associatives, soutenues par des organismes nationaux et internationaux, contribue à la diversification du secteur audiovisuel. En dépit des multiples contraintes (juridiques, techniques, économiques, etc.) qui entravent leur fonctionnement, la naissance de ces radios est significative d’autant plus que la culture associative et citoyenne est récente dans ce pays. Le foisonnement de ces médias, acteurs de la transition démocratique et de contre-pouvoir, reflète in fine une forte aspiration citoyenne à une information alternative et pluraliste, à une voix dissonante aux médias dominants.

La radio, loin d’être reléguée dans les bois sacrés de la tradition, se renouvelle et s’adapte. Le dossier invite les chercheurs et les professionnels à réfléchir sur les pratiques et les enjeux de ces métamorphoses.

Espaces géographiques

Malgré la diversité des situations, ce dossier s’intéresse à l’Afrique dans sa globalité dans le but de faire apparaître les spécificités sous régionales et parfois même nationales. Les données de l’Afrique du Nord sont autant attendues que celles de l’Afrique subsaharienne. Par ailleurs les exemples des pays anglophones ou lusophones seront particulièrement appréciés, surtout s’ils permettent une comparaison avec ceux de l’Afrique francophone.

Axes thématiques

Ce dossier souhaite interroger chercheurs et professionnels sur toutes ces questions et celles qui leur sont liées à travers cinqaxes principaux.

Axe 1:

Mutations structurelles, stratégiques et règlementaires Qu’en est-il de la place de la radio aujourd’hui en Afrique ? Est-elle toujours le média roi ou les autres médias, sociaux ou non, sont-ils en train de la reléguer aux seules zones rurales ? Voit-on se mettre en place des stratégies médiatiques sur le long terme? Invente-t-on des
modèles économiques viables ? Y a-t-il des formes innovantes de gouvernance en particulier dans les radios du tiers secteur? La régulation a-t-elle suivi ces évolutions ?

Axe 2:

Conséquences sociales, culturelles et juridiques des mutations liées au numérique Quels sont les exemples de numérisation réussie? Dans quelle mesure cette évolution pourrait-elle présenter de nouvelles opportunités pour le paysage radiophonique africain et en même temps maintenir l’ancrage local et le lien privilégié avec le public africain ? Quels sont les risques pour la perte d’identité des radios communautaires ? Quelle possibilité pour les radios privées de conserver la main sur leur diffusion dans des pays autoritaires ?

Axe 3 :

Implications des mutations technologiquessur la réception Quels publics ? Quelles formes de participationles TIC permettent-elles? Quelles incidences ont-elles sur l’accès aux contenus informationnels ? Quelles productions citoyennes d’informations enregistre-t-on? Quels nouveaux usages citoyens de la radio observe-t-on? Par ailleurs, y a-t-il une réelle amélioration des conditions de réception?Quelles catégories de la société en bénéficient le plus?

Axe 4 :

Transformations des pratiques professionnelles Quels sont les différents usages et appropriations des TIC en journalisme radiophonique ? Quels impacts ces usages ont-ils sur les pratiques et identités professionnelles? Y a-t-il des risques pour une information de moindre qualité ? Y a-t-il des risques pour un bon exercice du métier et pour la sécurité personnelle du journalisteradio ? Quels rapports les journalistes entretiennent-ils avec leurs sources et leurs publics ?

Axe 5:

Rôle politique et socialdes radios? Quel rôle des radios dans les crises politiques et sociales? La place des acteurs radiophoniques dans l’espace public ? Leur capacité à soutenir des débats démocratiques ou alors à renforcer les oppositions? Leur capacité à faire dialoguer? Leur capacité à la redevabilité des acteurs politiques et économiques ? Se sont-elles autonomisées de l’approche très prégnante des bailleurs de fonds qui les lient au projet développementaliste?

Soumission et procédure d’évaluation

L’évaluation sera assurée en double aveugle par le comité de lecture sur la base d’un résumé en français ou en anglais de 3500 signes au format Word comportant un titre, le nom de (des) auteur-e(s), son affiliation universitaire, ses coordonnées complètes. L’auteur précisera la problématique, les objectifs ainsi que quelques références bibliographiques. Les consignes de rédaction et recommandations aux auteurs sont disponibles sur le carnet de recherche

RadioGraphy:http://f.hypotheses.org/wpcontent/blogs.dir/1185/files/2015/07/ICI.pdf

Les propositions sont à adresser au plus tard le 15 décembre 2015 aux trois adresses suivantes:

etiennedamome@gmail.com;

sylviecapitant@rocketmail.com;

nozha.smati@univ-lille3.fr

Calendrier

15décembre2015 : soumission du résumé

15janvier 2016: Sélection des propositions et notifications aux auteurs

15 mars 2016 : remise des articles intégraux (entre 30000 et 35000 signes espaces, notes et bibliographie compris)

Comité de lecture

ANTOINE Frédéric, UniversitéLouvain-la-Neuve, Belgique

AMSIDDER Abderrahmane, Université IBN Zohr Agadir, Maroc

ASSOGBAHenri, Université de Laval, Canada

AW Rokaya Eugénie, CESTI, Sénégal.

BART Annie, Université Bordeaux Montaigne, France

CANDEL Etienne, Université Paris 4, France

DA LAGE Émilie, Université Lille 3, France

FAURÉ Laurent,Université de Montpellier, France

FRÈRE Marie-Soleil, Université de Bruxelles, Belgique

GAZI Angeliki, Université de Limassol, Chypre

GUAYBESS Tourya, Université de Lorraine, France

KIYINDOU Alain, Université Bordeaux Montaigne, France

MEYER Vincent, Université de Nice Sophia Antipolis, France

SANTOS SAINZ Maria, Université Bordeaux Montaigne, France

STARKEY Guy, Université de Sunderland, Royaume-Uni

ZAMIT Fredj, Université de la Manouba, Tunisie

 

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Un résumé en français, en anglais  et en espagnol n’excédant pas 10 lignes + 5 à 6 mots clés.

  • Pour la rubrique Varia

Les auteurs soumettent une proposition d’article de 500 mots dans la langue de publication (français, anglais ou espagnol). Une fois la proposition retenue, la rédaction informe les auteurs des délais et modalités de soumission de leurs textes (ne doivent pas dépasser 25000 signes espaces et bibliographie compris) et un résumé en français et en anglais (10 lignes max)

  • Pour les notes de lecture

Elles peuvent être proposées spontanément sur des ouvrages consacrés aux études radiophoniques et/ou sonores. Les textes ne doivent pas dépasser 10000 signes espaces compris. Sont attendues des notes de lecture permettant dans une perspective descriptive, critique et analytique de faire comprendre aux lecteurs l’intérêt de l’ouvrage chroniqué et de préciser ses limites.

  • Pour les positions de thèses

Elles peuvent être proposées spontanément sur des thèses soutenues consacrées aux études radiophoniques et/ou sonores. L’auteur de la thèse précisera la date et lieu de soutenance, la discipline, le directeur de thèse et explicitera de manière synthétique l’objet d’étude, la problématique, l’approche théorique, la méthodologie, le terrain, les principaux résultats de la recherche. Les textes ne doivent pas dépasser 8000 signes espace compris.

Consignes typographiques

Les majuscules doivent être accentuées le cas échéant. À. É. È.

Les caractères gras sont réservés principalement aux titres et sous-titres.

Les graphiques, figures et/ou photos sont numérotés en continu avec obligation de références (mettre une légende et un titre conformes au copyright).

Tous  les  paragraphes  (titres  en  gras,  petits  caractères)  seront  distincts  avec  un  seul  espace.  La segmentation en 2,  voire en  3 niveaux de titres, est suffisante et sans numérotation. Titre 1(14 Times gras), Titre 2 (12 Times gras)

Les  notes,  brèves  de  préférence,  figureront  en  fin  d’article  avec  appel  de  note  automatique  continu (1,2,…5). L’article ne devra pas avoir plus de 10 notes.

Les graphiques, figures et/ou photos sont numérotés en continu avec obligation de références, de mettre une légende et un titre
conformes au copyright.

En cas de recours à l’Alphabet Phonétique International, utiliser gratuitement les symboles sur le site : http://www.sil.org/computing/fonts/encore-ipa.html

Citations et normes bibliographiques

Les  citations  sont  caractères  standards  (droits)  et  entre  guillemets  dans  le  corps  du  texte.  Utiliser impérativement  les  guillemets  «  à  la  française  », comme  ici.  Pour  un  mot  ou  un  ensemble  de  mots entre guillemets à l’intérieur d’une citation on utilisera les guillemets à l’anglaise  » « 

 Toute suppression ou coupure dans une citation doit être signalée par […]

Les références à des ouvrages ou articles sont à insérer dans le corps du texte (et non en note de bas de page) et entre parenthèses
en minuscule, le nom de l’auteur, la date de publication de l’ouvrage, et le numéro de la page citée (ex : Cheval, 2009 :10)

La  bibliographie en  fin  d’article  (sans  alinéa, 15  références  maximum) s’en  tiendra  principalement aux ouvrages  cités  dans  l’article  et  s’établira  par  classement  alphabético-chronologique  des  noms propres.

Pour un ouvrage : NOM Prénom. Titre de l’ouvrage, lieu : éditeur, collection (s’il y en a une), année, nombre de pages.

Pour un article de revue : NOM Prénom. Titre d’article, Titre de revue ou de périodique, volume, n°, date, pagination (ex : pp.5-20)

Pour une contribution à un ouvrage collectif : NOM Prénom. Titre de l’article, In Nom, Prénom (dir.), Titre de l’ouvrage, lieu : éditeur, pagination.

Pour une référence électronique : NOM Prénom. Titre de l’article. Nom du site. [En ligne]. Éditeur, (date de consultation). Disponibilité et accès (URL)

 

Appels à contribution

 

« Notes, conduites, synopsis, partitions : écrire et composer la radio »

Revue Radiomorphoses, n°9 à paraître à l’hiver 2022

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Coordination : David Christoffel (créateur radiophonique – auteur compositeur)

Si la note d’intention et la conduite sont des documents pratiques, dont la valeur est intégralement préparatoire, leur confection peut justifier une élaboration formelle spécifique. Ces manières de représenter la forme radiophonique garantissent-elles un gain en qualité ? Quand des dessins viennent schématiser l’écriture du sonore, les formes radiophoniques en ressortent-elles plus abstraites ou autrement sensibles ? À partir de quand peut-on parler de « partition radiophonique » ?  À l’inverse, la conduite peut paraître emblématique du respect d’un format, passer pour un outil de standardisation de la fabrication radiophonique. Qu’elle soit un canevas garant du concept de l’émission ou un document spéculatif pour déplacer les règles de collecte et d’exposition d’éléments hétérogènes, qu’elle serve une radio quotidienne relativement standardisée ou une pièce radiophonique unique, la conduite est dépositaire d’une pensée de l’écriture radiophonique. En objectivant les ingrédients dont une émission est faite, elle témoigne aussi de la manière dont les composantes de la forme radiophonique se pensent, s’agencent ou s’interchangent. Ce dossier veut recueillir des approches hétérogènes d’un document de travail à la croisée des pratiques. Il pourra accueillir des descriptions critiques d’évolutions des formats, des ouvertures sur des pratiques pédagogiques alternatives et des conceptions expérimentales de la radio, mais aussi des enquêtes sur des moments historiques de l’histoire radiophonique où des documents de travail ont pu faire l’objet d’un soin créatif remarquable et permis une nouvelle de forme sonore particulière.

Le dossier entend réfléchir aux écrits préparatoires à la radio, qu’ils s’agissent de renforcer la sophistication formelle des émissions (dans le champ de la création radiophonique ou de démarches expérimentales) ou, au contraire, de calibrer le respect d’un format (dans la réalisation d’un direct, notamment). Il est donc ouvert à des approches communicationnelles, mais aussi historiques et poétiques. Les études pourront porter sur les écritures alternatives de conducteurs alternatifs, sur la production de documents spécifiques à l’élaboration d’une émission de radio, mais aussi sur les compositions originales de grille avec des logiciels conçus.

Nous accepterons des propositions en français, anglais ou espagnol. Le titre, le sous-titre et le résumé seront traduits en français s’ils ne sont pas initialement formulés dans cette langue.

Les articles seront anonymisées (suppression des métadonnées auteur) et ne comporteront pas de référence aux travaux de l’auteur/e (excepté sous la forme « Auteur (année), Titre »). Seule la première page comportera le titre, le nom et affiliation institutionnelle de l’auteur/e.

Les auteur-e-s devront se conformer aux consignes rédactionnelles complètes disponibles sur le site de la revue RadioMorphoses :

www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/09/consignes-redactionnelles/

Les envois se feront à david.christoffel@gmail.com et radiomorphoses@gmail.com

  • – Envoi des articles : 12 avril 2021
  • – Retour des évaluations : 14 juin 2021
  • – Envoi des articles définitifs : 13 septembre 2021

« Radio en mobilité : programme,pratiques, techniques et perspectives »

Revue Radiomorphoses, n°7 à paraître à l’automne 2020

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Coordination : Lara Van Dievoet (Université Catholique de Louvain) et Pascal Ricaud (Université de Tours)

Le GRER, avec la revue RadioMorphoses continue à explorer les formes et les mutations de la radio, dans la continuité du colloque organisé en collaboration avec l’équipe PRIM de l’Université de Tours les 21 et 23 novembre 2019. Nous nous penchons sur une dimension profondément contemporaine et en même temps intemporelle : celle de la mobilité. Intemporelle car la radio, tour à tour clandestine, pirate, périphérique, transnationale, transportable, adaptable, routière, a toujours rimé avec mobilité. Contemporaine car liée à de nouvelles technologies mobiles bouleversant les cadres de production, de diffusion et les pratiques, tout particulièrement dans le domaine de l’information. La mobilité, avec Internet, est peut-être la notion qui caractérise le plus l’âge digital de la radio. Et pourtant, elle n’a pas fait l’objet d’un travail de réflexion et de recherche spécifique – ou trop peu – dans le cadre des études sur les mutations numériques de ce média.

Les articles pourront s’inscrire dans le cadre d’un ou plusieurs des 4 axes thématiques suivants :

Les nouveaux usages en mobilité 

La radio n’a jamais cessé de nous accompagner au sens propre – dans nos déplacements – comme au sens figuré par une présence régulière ou permanente. Aujourd’hui c’est du côté de la « délinéarisation » des contenus (une consommation des médias rompant avec le direct) et des nouveaux formats qu’elle a engendrés, que réside la principale évolution de la radio à l’ère numérique.

Des travaux sur les nouveaux modes d’usages liés à la consommation de la radio en mobilité, ou au podcasting, sont les bienvenus. On pourra s’intéresser aussi à ce que les applications radio sur smartphones apportent en termes de services, d’interactions, d’expériences enrichies pour l’auditeur. Les enceintes connectées et les questions qu’elles posent en matière de sélection de l’information sont également au centre de ce premier axe.  Enfin se pose la question de la mesure des audiences en mobilité, de nouveaux outils et méthodes pour mieux les saisir.

Le journalisme mobile : nouvelles pratiques et figures informationnelles en mobilité

Outre son impact sur les modes de diffusion et les formats proposés, le smartphone devient également un outil de production radiophonique. Doté ou non d’un micro externe, il permet une production et une diffusion en mobilité. Des journalistes radio se l’approprient pour remplacer leur matériel traditionnel sur le terrain mais également pour proposer des contenus additionnels grâce à la prise de photos ou de vidéos.

Des analyses pourront porter sur la manière dont le journalisme mobile – ou Mojo – affecte les pratiques traditionnelles, voire l’identité d’une profession et définit un nouveau rapport aux publics. On pourra s’interroger sur la manière dont cette mobilité informationnelle modifie notre rapport à l’espace, fait émerger de nouveaux publics, de nouvelles figures intermédiaires de l’information et de nouvelles fonctions au sein des rédactions.

Radio et mobilité physique : circulation, accessibilité, accélération

La radio nous suit partout, y compris dans nos voitures (depuis les années 1960-1970 avec l’autoradio), une de ses plus grandes et éclatantes conquêtes qui s’enrichit et se renouvelle encore aujourd’hui, au gré des innovations technologiques et en particulier grâce au numérique qui en fait un média digital. A travers ses programmes, elle a largement pris en compte cette mobilité routière, avec des stations totalement dédiées aux autoroutes, des programmes – notamment de nuit –destinés aux « roulants », aux routiers, des émissions (point route, info trafic) cherchant à contribuer à fluidifier la circulation et à nous permettre d’atteindre notre destination dans les meilleures conditions.

On pourra faire des propositions liées à deux concepts particuliers renvoyant à diverses fonctions et services rendus par la radio : ceux d’extensibilité (la possibilité de surmonter les difficultés de circulation, la capacité à se déplacer) et d’accessibilité (la possibilité d’atteindre le point désiré). La question même de l’accessibilité peut être élargie aux problèmes de mobilité physique ou de cohabitation de divers types de publics dans l’espace urbain. La vitesse, l’accélération qui symbolisent autant le vaste domaine des transports que celui de l’information dont les moyens, les voies de diffusion, ne cessent d’augmenter et de gagner en instantanéité, sont à explorer également.

Quand la radio fait bouger les lignes : clandestinité, engagements et mobilisations

La mobilité évoque également les flux migratoires, les diasporas, le déplacement de populations. On pourra dans ce cadre s’intéresser aux radios dont la principale mission est de maintenir le lien avec le pays d’origine, de maintenir un lien social entre des populations séparées dans des circonstances particulières, permettant un « voyage immobile ». La radio permet aussi l’expression de différences, de dissonances, passant parfois par la clandestinité, l’externalisation des studios. Elle porte et accompagne des mobilisations, des mouvements protestataires, des manifestations quand elle n’est pas un élément central d’une mobilisation. Des approches historiques pourront être également privilégiées à propos de radios mobiles ou déplacées ayant permis à un mouvement de résistance, une opposition, un gouvernement expatrié, de se faire entendre, de s’organiser, voire de contribuer à inverser le cours d’une histoire.

Calendrier indicatif

  • Envoi des articles :  29 mai 2020
  • Retour des expertises en double-aveugle : 29 juin 2020
  • Remise des textes complets : 15 septembre 2020

Modalités de soumission

Les propositions seront envoyées en format Word (.doc) par mail, celui-ci portant en objet la mention « radio en mobilité – proposition article ». Les articles seront envoyés aux adresses suivantes au plus tard le 29 mai 2020 :

lara.vandievoet@uclouvain.be

pascal.ricaud@univ-tours.fr

radiomorphoses@univ-tours.fr

Nous accepterons des propositions en français, anglais ou espagnol. Le titre, le sous-titre et le résumé seront traduits en français s’ils ne sont pas initialement formulés dans cette langue.

Les articles seront anonymisées (suppression des métadonnées auteur) et ne comporteront pas de référence aux travaux de l’auteur/e (excepté sous la forme « Auteur (année), Titre »). Seule la première page comportera le titre, le nom et affiliation institutionnelle de l’auteur/e.

Les auteur-e-s devront se conformer aux consignes rédactionnelles complètes disponibles sur le site de la revue RadioMorphoses :

www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/09/consignes-redactionnelles/

 

« La radio au service des publics,
Enjeux, statuts, missions et programmes »

Revue Radiomorphoses, n°5&6, à paraître à l’été 2019

 

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Coordination : Jean-Jacques Cheval et Étienne Damome (Université Bordeaux Montaigne)

Le concept de service public est ancien. Historiquement il est lié à la construction de souverainetés sous les monarchies d’anciens régimes. Il a été réactivé, approfondi et généralisé avec l’émergence des sociétés démocratiques depuis le XIXe siècle et la constitution des États-nations ; les services publics devenant, par la même, instruments justificateurs de ceux-ci. Au XXIe siècle, la notion de service public subit les contrecoups de la mondialisation, des dérégulations et des pensées libérales moins favorables, voire hostiles, à l’action publique, qu’elle émane des États, d’entités et organismes publics plus spécifiques (collectivités locales, établissement d’éducation et de formation par exemple) ou d’entités privées, sans but lucratif, issues des sociétés civiles.

De manière générale, on considère que la notion de service public repose sur certains principes fondamentaux, tels que :

– L’égalité garantie d’accès aux services (pour les médias : c’est la réception, sa liberté assurée et inaliénable, mais ce qui peut aussi se comprendre comme un droit à l’expression directe et à la transmission des informations) ;

– La gratuité ou des coûts raisonnables pour en bénéficier ;

– Une finalité non commerciale des services en question (en tout cas supposant à minima que leur rentabilité ne puisse être leur justification).

À ceci souvent, s’ajoutent quelques autres principes :

– Une continuité dans l’espace et dans le temps au nom de l’unité et de l’égalité de tous les bénéficiaires (ce qui suppose, dans le cas des médias, une continuité de diffusion sur l’ensemble d’un territoire à l’aménagement duquel ils participent, pratiquement et symboliquement) ;

– La mutabilité ou l’adaptation constante aux besoins des destinataires, pour mieux les servir ;

– Les principes discutés de neutralité ou d’équité et, plus encore dans certains pays, de laïcité, devant garantir l’égalité de traitement en respectant leur liberté de conscience et la liberté d’opinion ;

– Souvent, la propriété publique des structures ou, à défaut, leur contrôle public et, de manière substantielle, leur financement ;

– Fréquemment aussi, au concept de service public médiatique, tant sur le plan juridique que sur celui des représentations, se rattachent des missions d’éducation, d’information et de distraction, auxquelles peut s’ajouter une fonction d’aide et d’assistance, directe ou circonstanciée, aux populations, ou à la personne.

– Éventuellement, enfin, est considérée, ou revendiquée, la gestion démocratique de ces services dont témoignerait, en leur sein, la participation des professionnels des services, des intervenants et, éventuellement, celle des auditeurs.

L’idée de service public, de services aux publics s’entrecroise avec les notions d’information et de communication, avec la réalité des services médiatiques, dont la radio ; le  5e numéro de la revue RadioMorphoses sur ce sujet s’inscrit dans la continuité du colloque « La radio au service des publics » organisé à Bordeaux en novembre 2017 par le Groupe de recherches et  d’études sur la radio (GRER). Nous souhaitons prolonger les réflexions et débats amorcés à cette occasion. Les intervenants au colloque, ceux qui ont soumis des propositions de communication à cette occasion, sont invités à participer à nouveau à ce présent appel à contribution, à travers des propositions actualisées, modifiées ou nouvelles. Mais des propositions entièrement inédites sont également souhaitées et attendues. Toutes seront évaluées de la même manière selon les règles habituelles de sélection en « double aveugle » d’une revue scientifique.

Ce numéro propose d’interroger la notion de « radio au service des publics : Enjeux, statuts, missions et programmes », sous trois dimensions particulières. Il s’agira d’interroger leurs statuts spécifiques ; les missions confiées aux médias considérés ou bien que leurs bénéficiaires sont en droit d’attendre d’eux ; les programmes qualifiés comme services aux publics en raison de leurs intentions, de leurs destinations ou de leurs effets. Ces axes sont au cœur de l’appel à contribution, sans être exclusifs pour autant.

STATUTS

Institutionnellement, le statut de service public radiophonique plonge ses racines dans l’histoire de la communication moderne. Des services postaux royaux au télégraphe, les principes et applications communicationnelles ont connu des déclinaisons diverses jusqu’aux médias électroniques, dont la radio. Originellement, la radio britannique (la BBC de 1927) a servi d’exemple de « radio de service public » pour nombre de pays qui refusaient le modèle entrepreneurial états-unien initialement basé sur la seule initiative privée. Adopté avant ou après la Seconde Guerre mondiale, souvent en référence à cette dernière, ce statut a été mis en œuvre et adapté par de nombreux pays occidentaux et inspiré d’autres systèmes nationaux (notamment lors des décolonisations ou dans des logiques de blocs). Mais, souvent associé à la notion de monopole, ce modèle a trouvé ses limites dans l’appropriation étatique et une mise au service des gouvernements ou de régimes politiques ; radiodiffusion publique et radiodiffusion d’État pouvant alors se confondre. La démocratisation des services publics d’information et de communication demeure un des enjeux contemporains et d’avenir pour la radio.

Déjà, diversement dérégulées à la fin du XXe siècle, les institutions de services publics radiophoniques n’ont pas disparu lors de la suppression des monopoles et continuent, avec des fortunes diverses, d’occuper une place face à la concurrence privée dans nombre de paysages médiatiques. Pour autant, après avoir été incontestées, leurs légitimités ne le sont plus. Parfois assimilées à une fonction publique jugée anachronique, ces institutions radiophoniques sont aussi attaquées au nom de la rationalité ou d’idéologies économiques qui visent l’hégémonie, dans ce domaine comme ailleurs.

Radicalement, la suppression de programmes, ou de chaînes de service public (Canada, Grèce, Europe de l’Est…), en particulier les services internationaux, l’annulation de modes de diffusion (les Ondes longues de Radio France ou ailleurs), la difficulté à mettre en place des services de cette nature dans des régions où ils n’existaient pas ou peu (Amérique latine) sont des manifestations du repli des services publics de radiodiffusion, de leur difficulté à exister ou bien des menaces qui pèsent sur eux.

La revue RadioMorphoses souhaite poser des interrogations problématisées autour de la pertinence, de la légitimité et, par-là, de la pérennité des structures institutionnalisées des services publics radiophoniques. Ces problématiques et ces enjeux pourront être abordés en partant de leurs histoires, de leurs réalités présentes et en interrogeant leurs possibles futurs.

MISSIONS

Les notions de service public et de services rendus aux publics ne résident pas seulement dans des considérations de structures, de statuts ou d’institutions. Elles correspondent à des intentions et des constats d’efficience qui, dès lors, peuvent être revendiqués par d’autres secteurs radiophoniques : le tiers secteur de la radio et le secteur commercial. L’État lui-même, les puissances publiques, pouvant déléguer à d’autres qu’eux-mêmes des missions de service public.

On peut penser que la logique intrinsèque d’audience des radios privées suppose fondamentalement la satisfaction des attentes des auditeurs, tant pour le divertissement que l’information, l’éducation ou la culture. Les acteurs privés eux-mêmes avancent souvent l’argument de leur contribution au pluralisme médiatique pour justifier leurs autorisations, leurs fréquences, leur existence, au service des sociétés.

La logique d’expression des radios associatives (parfois aussi appelées « communautaires ») pose le bien fondé de services, à but non lucratif, devant permettre à tous un accès à la parole médiatisée, souvent sur la base de secteurs spécifiques de populations (groupes sociaux ou culturels, territoires particuliers dont les espaces locaux).

Ces missions attribuées, proclamées, convoquées doivent être interrogées. Les contributions proposées pourront viser les dispositifs d’assignation (les cahiers des charges, conventions, engagements souscrits). Les déclarations d’intentions et proclamations se revendiquant de la notion de service public pourront être évaluées du point de vue de leur effectivité réelle ou bien des discours auto légitimant et promotionnels brandis dans des situations de concurrence.

PROGRAMMES

C’est concrètement à travers les programmes que se matérialisent les missions et les intentions des stations. Sous cet angle, les programmes révèlent la façon dont chaque média considère et traite les services aux publics. Au bout du compte, même si tous les programmes peuvent être considérés comme étant autant de services rendus aux auditeurs, habituellement ceux que l’on retient comme appartenant à la catégorie service sont : l’information, l’éducation, la culture, le conseil, la libre antenne, les émissions pour l’enfance et la jeunesse. On remarque souvent que certains types de programmes (documentaires, fictions, créations radiophoniques), se retrouvent essentiellement sur les seules radios de service public au sens institutionnel, leurs cahiers des charges leur en faisant d’ailleurs obligation.

Les coordinateurs de la revue souhaitent publier des articles présentant, de manière analytique et pas seulement descriptive, ces programmes se rangeant dans le registre des émissions de service aux publics et de quelque secteur radiophonique qu’elles puissent émaner. En ce sens, des témoignages particuliers, des monographies, seront recevables ; mais les études comparatives sont encouragées (d’une station ou d’un secteur à l’autre, d’une région ou d’un pays à l’autre).

Calendrier indicatif pour une parution à l’été 2019

  • Lancement de l’appel : 5 novembre 2018 ;
  • Envois des propositions d’articles : 21 décembre 2018 ;
  • Sélection des propositions et notification aux auteurs : 21 janvier 2019 ;
  • Remise des articles pour phase d’expertise scientifique : 30 mars 2019 ;
  • Retour des expertises : 30 avril 2019 ;
  • Navettes avec les auteurs : Mai-Juin 2019 ;
  • Parution du numéro : Été 2019.

Les propositions, sous forme de résumés en français d’une longueur d’environ 3000 signes (espaces compris), doivent être envoyées aux deux coordinateurs pour le 21 décembre 2018 au plus tard :

Jean-Jacques Cheval : jjcheval@msha.fr

Etienne Damome : etienne.damome@u-bordeaux-montaigne.fr

Présentant le projet d’article, chaque proposition, en français, comportera un titre, la problématique et la méthodologie, cinq mots-clés et de trois à cinq références bibliographiques. Les noms de(s) auteur(e)s, leurs fonctions et rattachements institutionnels, ainsi que leurs coordonnées complètes (mails, téléphones et adresses postales). Si la proposition doit nous parvenir en français, des contributions finales rédigées en anglais ou en espagnol pourront être publiées, mais dans une proportion minoritaire au sein du futur dossier.

Si leurs propositions sont retenues, les auteur-e-s devront se conformer aux consignes rédactionnelles complètes disponibles sur le site de la revue RadioMorphoses :

www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/09/consignes-redactionnelles/

 

« Les renouvellements de l’écriture radiophonique : programmes, formes, contenus »

Revue Radiomorphoses, n°4 à paraître en 2018

Extension de la date de retour des propositions au 5 février 2018 !

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Coordination : Séverine Equoy Hutin (Université de Bourgogne Franche-Comté) et Christophe Deleu (Université de Strasbourg)

Dans le chapitre conclusif du manuel de la radio, Frédéric Antoine souligne qu’ « en ce début de siècle, la radio connaît de nombreux renouveaux, qui en modifient à la fois les contenus, les formes, les modes de transmission et de réception et revisitent son statut de média de masse » (Antoine, 2016 : 203). C’est ainsi un champ de recherche stimulant qui s’ouvre du côté des modalités de remédiation (Bolter et Grusin, 1999) et de ré-novation (Angé et Renaud, 2012) de la radio. Certes les travaux récents sur la radio insistent largement sur les évolutions liées au numérique et le tournant “postradiophonique” (Poulain, 2010 ; Gago et alii, 2007). S’il n’est pas possible d’en ignorer les enjeux ni d’en minorer l’impact, il ne s’agit pas dans ce dossier de s’en tenir à un questionnement spécifiquement centré sur les relations entretenues entre la radio et les nouvelles technologies numériques mais davantage de questionner les nouvelles pratiques et les nouveaux usages sous l’angle des nouvelles formes que ceux-ci produisent. Car, comme le rappelle Laurent Fauré, « les capacités d’adaptation de la radio à l’ère numérique se trouvent sans doute nourries de ses qualités antérieures et que le web a développées : audience massive, interactivité, instantanéité, technologie ‘légère’ et mobilité des usages […]  mais aussi fonctionnements participatifs et de proximité… » (2013 : 8). Plus largement, nous proposons d’explorer les mutations de l’écriture radiophonique en relation avec les environnements quotidiens contemporains, numériques ou non, et les enjeux qu’elles recouvrent sous l’angle des tensions entre l’ancien et le nouveau. En effet, les phénomènes nouveaux « ne naissent pas de novo » (Angé et Renaud, 2012 : 37) et ces renouvellements engendrent des traces (Bachimont, 2017), dans la matérialité de l’écriture (Jeanneret, 2011).

Partant de la fonction d’accompagnement du quotidien (Starkey, 2008) que l’on reconnaît au média radio et notamment de l’idée que celle-ci évolue en relation avec les autres médias, sur le plan des pratiques de production comme de réception, des logiques de programmation et des formes, nous proposons de réunir dans ce dossier des études qui mettent l’accent sur les trans-formations contemporaines de l’écriture radiophonique : les contributions pourront proposer des questionnements théoriques (dans une perspective historique, sociologique, communicationnelle, anthropologique et discursive), méthodologiques (comment saisir l’évolution des formes? comment repérer les traces de ces mutations ?) ou empiriques (quelles innovations et quelles expériences sonores la radio propose-t-elle aujourd’hui ?).

Nouvelles écritures radiophoniques

Le concept d’écriture, entendu comme mode d’agencement des formes résultant d’une intention de rendre une pensée visible et communicable, a fait l’objet de nombreux travaux qui en ont montré toute la complexité (Leroi-Gourhan, Christin, Goody). Son intérêt réside notamment dans le fait qu’il renvoie à la fois à l’instance de production comprenant les logiques de l’ensemble des acteurs professionnels impliqués (Glevarec, 2001), les logiques organisationnelles (éditoriales notamment) et les logiques économiques ; à l’instance de réception (les publics, projetés ou réels) et aux logiques de fidélisation ; et au produit médiatique dans sa matérialité (les choix formels, énonciatifs, rhétoriques et discursifs tenant compte du dispositif – matériau et support -, des genres et formats, de la nature du propos et des systèmes de représentations associés).

L’écriture peut être considérée comme un système technique issu d’un processus animé d’une intention de communiquer, faisant l’objet d’une préparation (enregistrements, montage et travail des sons, structuration de l’émission) et d’une mise en œuvre pensée pour une activité de réception. Plus particulièrement, l’écriture radiophonique met en scène différents éléments « organisés, construits, élaborés selon certaines lignes d’orientation par la volonté d’un producteur ou dun auteur radiophonique » (Richard, 1985 : 30) et « recrée efficacement l’illusion d’une continuité cohérente, d’un temps plus intense : le temps de l’écoute » (Saint Martin et Crozat, 2007 : 7). Sa fonction première est d’organiser l’écoute en mettant en scène des éléments disparates dans une forme de flux qui suscite l’image et l’imaginaire (Oliveira, 2011). L’écriture produit et rend visible des traces (Jeanneret, 2011), des actes qui renvoient à des processus de production, de construction et de réception. Ce sont précisément ces dynamiques de variation et d’innovation que nous cherchons à saisir à travers l’observation des dispositifs radiophoniques contemporains.

Deux axes majeurs seront privilégiés pour ce numéro :

Axe 1 : Nouveaux genres, nouvelles formes, nouveaux usages et nouvelles logiques de programmation : avènements, mutations, disparition, réapparition, reconfiguration

Cet axe propose d’interroger la plasticité des genres, la diversité des formats et les relations intermédiatiques que la radio entretient dans leur relation à l’avènement ou au retour de formes ou de modes comme le récit qui, des radios hertziennes aux nouveaux supports radiophoniques, occupe aujourd’hui « des nouveaux espaces, avec un nouveau langage et des nouveaux usages » (Antoine, 2012 : 8). Depuis la typologie des genres radiophoniques des années 30 proposée par Méadel (1994) et l’ouvrage dirigé par Charaudeau (1984), quels renouvellements l’écriture radiophonique a-t-elle connu ? Peut-on détecter des thématiques, des genres et des formats nouveaux et pérennes ? A l’inverse, assiste-t-on à des disparitions, à des explosions ou à des retours en force de certains genres (par exemple issus de la radio numérique et de la web radio) ou de certains formats ? Comment ces thématiques, ces genres, ces formats émergent-ils en relation avec des contextes particuliers ou des évènements ?

Les logiques de programmation et leur évolution en relation avec des logiques économiques et des logiques d’usage méritent également d’être interrogées sous l’angle de l’écriture, des traces et des codes que les initiatives des programmateurs bousculent. Dans cette lignée, on peut questionner les relations à établir entre ces renouvellements, les publics et les nouveaux usages. Par exemple, quels ajustements aux temps sociaux (Glevarec et Pinet, 2007) des auditeurs peut-on observer ? Quelles modalités d’inclusion, de participation et d’interactivité avec l’auditeur, l’écriture radiophonique propose-t-elle aujourd’hui au regard des enjeux de fidélisation, des logiques de spécialisation, de la nature hétérogène des auditoires, des pratiques des publics et du passage au numérique ? Quelle modalités nouvelles d’écriture interactive (Séguy, 2000 ; Schmitt, 2016) et de mise en scène de la parole des autres (Deleu, 2006) peut-on observer à la radio ? Les radios musicales (Glevarec, 2007), compte tenu de leurs spécificités et de leurs contraintes, peuvent aussi être interrogées sous cet angle, de même que la distinction radios privées / radios publiques.

Axe 2 : Processus de production radiophonique et de création sonore : diversités, enjeux, pratiques professionnelles

Un des objectifs de ce dossier est de s’intéresser aux créations et aux initiatives sonores telles qu’elles sont observables aujourd’hui : il s’agit notamment d’observer les dispositifs, d’identifier les acteurs et les contextes de ces performances sonores. Par exemple, des structures comme les radios associatives peuvent constituer des laboratoires de création sonore. Comment ces créations travaillent-elles les formes et la dimension esthétique de la radio (Biewen et Dilworth, 2017 ; Deleu, 2013) ?

Ces initiatives interrogent, renouvellent voire bouleversent les pratiques et les modes d’écriture. Dans le contexte du boom des podcasts et des téléchargements, les sites d’offres de podcasts radiophoniques (Binge, BoxSons, Slate, Arte Radio, Magnéto, Nouvelles écoutes…) redéfinissent la donne. Ces nouvelles offres attirent de nouveaux acteurs et de nouveaux financeurs (Amazon, le financement participatif type crowfunding, les abonnements…) : ces nouveaux acteurs peuvent-ils influencer le fonctionnement des radios ? De quelles manières ?

De façon transversale dans ce dossier consacré à la reconfiguration du périmètre et des formes radiophoniques, se poseront nécessairement des questions méthodologiques : les mutations observables engendrent de nouvelles méthodes d’analyse qui bousculent les approches plus « traditionnelles » de la radio. Ainsi, les disciplines qui développent une approche communicationnelle de l’écriture radiophonique et qui s’intéressent à ses enjeux matériels, sociaux et culturels réinterrogent leur modèle d’analyse. Quels types d’approche permettent de mieux saisir ces mutations (discursive, socio-technique, socio-sémiotique, sémio-pragmatique…) ? Dans quelle mesure les enquêtes de terrain permettent-elles de documenter les processus de production (Fauré, 2012) et d’observer ces mutations (Wolff, 2016) ?

Ce dossier sera donc également l’occasion de mettre en lumière des approches permettant de rendre compte des mutations de l’écriture radiophonique liées par exemple à l’intermédialité (Gaudreault et Marion, 1998 ; Müller, 1996) et à l’élargissement des frontières du radiophonique dans une perspective qui dépasse la question du support pour penser les modalités de reconfiguration des formes et des pratiques.

Bibliographie indicative :

Angé Caroline et Renaud Lise, 2012, « Les écritures émergentes des objets communicationnels. De la rénovation », Communication & langages, 2012, pp. 35-39.

Antoine Frédéric (coord.), 2012, Radio et narration. De l’enchantement ou réenchantement, Recherches en communication, 37, UCL, Louvain-La-Neuve.

Antoine Frédéric (dir), 2016, Analyser la radio. Méthodes et mises en pratique, de Boeck, Louvain-La-Neuve.

Bachimont, Bruno, 2017, Patrimoine et numérique : Technique et politique de la mémoire, Paris, Ina Editions

Bolter J. et Grusin R. (1999), Remediation : undestarding New Media, MIT Press.

Biewen, John ; Dilworth, Alexa (Éd.), 2017, Reality radio. Telling true stories in sound, Durham N.C, University of Carolina Press, (2nd edition).

Bouchardon Serge, Cailleau Isabelle, Crozat Stéphane, Bachimont Bruno, Thibaud Hulin, 2011, « Explorer les possibles de l’écriture multimédia », Les Enjeux de l’information et de la communication, 2/2011 (n° 12/2), pp. 11-24.

Charaudeau, Patrick (dir.), 1984, Aspects du discours radiophonique, Didier-Érudition, Paris.

Cheval, Jean-Jacques, 2008, « De la radio à la postradio », Médiamorphoses n° 23, Bry-sur-Marne, INA, pp. 23-29

Deleu, Christophe, 2013, Le documentaire radiophonique, Paris, INA/L’Harmattan, coll. Médias Recherches.

Deleu, Christophe, 2006, Les anonymes à la radio. Usages, fonctions et portée de leur parole, Bruxelles, De Boeck/INA, coll. Études.

Fauré, Laurent, 2013, « Analyser les pratiques discursives radiophoniques : nouveaux enjeux et perspectives », Cahiers de praxématique [En ligne], 61, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 09 mars 2017. URL : http://praxematique.revues.org/2429

Gago, Laurent, Cheval, Jean-Jacques & Gire, Silvain, 2007, « ARTE Radio.com : la radio est un art, pas seulement un transistor », Médiamorphoses, 23, Entretien avec L. Gago & J.-J. Cheval, pp. 133-138.

Gaudreault, André et Marion, Philippe, 1998, « Transécriture et médiatique narrative. L’enjeu de l’intermédialité », in André Gaudreault (dir.), Thierry Groensteen (dir.), La Transécriture. Pour une théorie de l’adaptation, Québec/Angoulême, Nota Bene/Centre national de la bande dessinée et de l’image, pp. 31-52

Glevarec Hervé, 2014, « Le propre de la radio. Fonctions radiophoniques et nouveau statut de la radio dans l’environnement numérique », Le Temps des médias, 22, pp. 123-133.

Glevarec Hervé, 2001, France Culture à l’œuvre. Dynamique des professions et mise en forme radiophonique, Paris, CNRS Editions.

Glevarec Hervé et Pinet Michel, 2007, « Les temps sociaux de la radio »,  Quaderni, n°64, pp. 113-120.

Glevarec Hervé  et Pinet Michel, 2007, « L’écoute de la radio en France. Hétérogénéité des pratiques et spécialisation des auditoires », Questions de communication, 12, pp. 279-310.

Guglielmone Isabel, 2012, « La radio ‘enrichie’. Nouveau support, nouveau récit ? », Radio et narration. De l’enchantement ou réenchantement, Recherches en communication, 37, UCL, Louvain-La-Neuve, pp. 129-142.

Jeanneret, Yves, 2011, « Complexité de la notion de trace », in L’homme trace. Perspectives anthropologiques des traces contemporaines (B. Galinon Mélenec, dir), CNRAS Editions, pp. 59-86.

Le Pajolec Sébastien, 2012, « Entretien avec Emmanuel Laurentin », Sociétés & Représentations, 1/2012 (n° 33), pp. 241-252.

Méadel, Cécile, 1994, Histoire de la radio des années 30. Anthropos/INA.

Müller, Jürgen Ernst, 1996, Intermedialität : Formen moderner kultureller Kommunikation, Münster, Nodus.

Oliveira, Madalena, 2011, « L’esthétique de l’écoute », Sociétés, 1/2011, 111, pp. 123-130.

Poulain, Sébastien, 2010, « Colloque ». Le Temps des médias 14(1), 256-257. DOI : 10.3917/tdm.014.0256

Richard Lionel, 1985, « De la radio et de l’écriture radiophonique », Semen [En ligne], 2 | 1985, mis en ligne le 12 juin 2007, consulté le 07 décembre 2016. URL : http://semen.revues.org/3733

Saint Martin Dominique et Crozat Stéphane, 2007, « Écouter, approfondir… Perspectives d’usage d’une radio interactive », Distances et savoirs, 2/2007 (Vol. 5), pp. 257-273.

Seguy Françoise, 2000, « Les questionnements des écritures interactives », Les enjeux de l’information et de la communication, Grenoble, Université Grenoble III, Février 2000, Disponible sur : http://w3.ugrenoble3.fr/les_enjeux/2000/Seguy/index.php

Schmitt Blandine, 2016, Radiographie de l’interactivité radiophonique. Sciences de l’information et de la communication. Université Michel de Montaigne – Bordeaux III.

Starkey, Guy, 2008, « La bande sonore de nos vies », Médiamorphoses n° 23, Bry-sur-Marne, INA, pp. 139-143.

Wolff Éliane, 2016, « Les (nouveaux ?) territoires de la radio Radio FreeDom et ses auditeurs », RadioMorphoses, [En ligne], n°1 – 2016, mis en ligne 18/11/2016 , URL :  www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/04/les-nouveaux-territoires-de-la-radio-radio-freedom-et-ses-auditeurs/

Calendrier pour une parution à l’automne 2018

  • lancement de l’appel : 1er décembre 2017
  • retours des propositions aux coordinateurs : 15 janvier 2018
  • décision communiquée aux auteurs : début février 2018
  • retours des articles pour phase d’expertise : 1er mai 2018
  • retour d’expertises : juin 2018
  • phase de retravail des articles après retour d’expertise : juin-octobre 2018
  • dépôt du numéro à la revue : novembre-décembre 2018
  • hiver 2018 : mise en ligne

Les propositions, sous forme de résumés en français d’une longueur d’environ 3000 signes (espaces compris), doivent être envoyées aux deux coordinateurs :

Christophe Deleu : lalointaine@gmail.com

Séverine Equoy Hutin : severine.equoy-hutin@univ-fcomte.fr

Afin de préserver l’anonymat des propositions, la première page doit contenir : le titre de la proposition, les noms, les coordonnées de l’auteur ou des auteurs et leur affiliation institutionnelle, ainsi que cinq mots-clés. Les pages suivantes présenteront le titre, le texte de la proposition et une courte bibliographie. Dans la phase de rédaction des articles, les auteurs se reporteront aux consignes publiées sur le site de la revue : http://www.radiomorphoses.fr/index.php/2016/05/09/consignes-redactionnelles/

 

« La radio en Afrique au XXIème siècle: mutations et enjeux »

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Coordination  :  Etienne  DAMOME  (Université  Bordeaux  Montaigne), Sylvie CAPITANT (Université Paris 1), Nozha SMATI (Université Lille 3)

Alors  que  le continent  Africain  a  été  durablement  présenté comme un  espace  privilégié  du  média radiophonique, les mutations profondes que connait le secteur médiatique, en Afrique  comme  ailleurs,  tendent  à  redéfinir  les  pratiques,  les  usages  et  les  modalités  de  fonctionnement de la radio en Afrique au début de ce XXIème siècle.

Les évolutions sont d’abord structurelles. Le secteur radiophonique, hérité de la libération des ondes des années 1990, est désormais relativement stabilisé. Mais beaucoup de radios, dans leur diversités (commerciales, associatives, publiques, religieuses) restent fragiles et peinent à définir  un  modèle  économique  durable  dans  un  contexte  de  raréfaction  des  ressources extérieures, de modestie du secteur économique intérieur tout particulièrement dans les pays francophones, et une relance de la concurrence avec les projets d’informations numériques.

Un tiers secteur – qui n’a pas fini de s’inventer – s’est aussi développé. Divers acteurs de la société  civile  (associations, ONG, groupes  religieux)  font  preuve  d’une  grande  imagination pour couvrir tous les domaines de la vie sociale et culturelle. Des stations communautaires et associatives  de  toutes  sortes  contribuent  ainsi  à rapprocher  encore  plus  la radio  des populations  et  à  faciliter  son  appropriation  par  les  couches  les  plus  populaires  des sociétés africaines contemporaines.

Les  mutations  sont  également technologiques.  Le  processus  de  numérisation  est inconditionnellement en marche. Cependant il est loin d’être uniforme et d’engager le secteur dans sa globalité. Il existe en effet des inégalités parfois très grandes d’accès aux nouveaux équipements à l’échelle régionale, les radios de certains pays étant plus avancées que celles d’autres pays. Ce décalage existe aussi à  l’intérieur d’un même pays,  l’accès aux  nouvelles normes techniques étant favorable à une minorité de promoteurs de radios qui ont les moyens  de s’équiper et défavorable à une majorité constituée de promoteurs de radios associatives ou communautaires  et  de  radios  privées  locales. Les  inégalités  existent par  ailleurs  entre  les milieux urbains et les milieux ruraux, plus précisément entre capitales/grandes métropoles et le  reste  des  territoires,  notamment  à  cause  de  l’inégalité  au  niveau  des  équipements  électriques.

Ces mutations technologiques ont des implications culturelles par la redéfinition du rapport au local qu’elles engendrent. Les TIC renouvellent considérablement aujourd’hui les audiences en  donnant  aux  radios  locales  une  diffusion  internationale,  grâce  à  la  réception  par  les membres  des  différentes  communautés  linguistiques  disséminés  dans  la  diaspora. En  même temps, elles renforcent leur ancrage local et identitaire, grâce à une couverture améliorée du

territoire. Mais les TIC transforment aussi les formes de participation, le développement de la téléphonie mobile ayant fait revenir à la radio des publics plus jeunes et plus urbains, tentés par  l’écoute  en  mobilité, et  renouvelé les  moyens  d’une  co-construction  de  contenus médiatiques.

Les  usages  des  TIC  et  du  numérique  créent  de  nouvelles  pratiques  professionnelles  et médiatiques.  On  peut  évoquer  les  tâches  spécifiques  liées  à la  diffusion  sur  Internet  ou  sur satellite.  Mais  il  faut  surtout  noter  l’intégration  de  plus  en  plus  importante  du  téléphone mobile dans  la production et  la diffusion de  l’information. Si  ce  nouvel outil  « du pauvre » permet  aux  stations  de  contourner  les  limites  imposées  par  le  manque  de matériel professionnel performant, il pose problème à ceux qui désirent des produits radiophoniques de qualité. Par ailleurs, il semble avoir fragilisé un peu plus la sécurité des journalistes en rendant plus facilement accessibles leurs données privées.

Enfin, les mutations sont aussi de nature sociale et politique. Les radios, malgré la montée en force d’autres outils d’information, sont les médias qui utilisent le plus les langues nationales africaines, se dotant ainsi d’une force de proximité et de diffusion inestimable. Les radios se sont  aussi  montrées capables  d’assurer  un  rôle  capital  dans  bon  nombre  de  soulèvements populaires récents, les exemples burkinabè et burundais, bien que très différents, en sont une illustration frappante. Aussi dans le contexte postrévolutionnaire au Maghreb, le lancement de nouvelles  radios  constitue  t-il  un  levier  pour  la  promotion de  la  liberté d’expression  et  du processus de transition démocratique. En Tunisie, la création de radios privées et associatives, soutenues par  des  organismes nationaux  et  internationaux,  contribue  à  la  diversification  du secteur audiovisuel. En dépit des multiples contraintes (juridiques, techniques, économiques, etc.) qui entravent leur fonctionnement, la naissance de ces radios  est significative d’autant plus que la culture associative et citoyenne est récente dans ce pays. Le foisonnement de ces

médias, acteurs  de  la  transition  démocratique  et de contre-pouvoir,  reflète  in  fine  une  forte aspiration citoyenne  à  une  information  alternative et  pluraliste,  à  une  voix  dissonante aux médias dominants.

La radio, loin d’être reléguée dans les bois sacrés de la tradition, se renouvelle et s’adapte. Le dossier invite les chercheurs et les professionnels à réfléchir sur les pratiques et les enjeux de ces métamorphoses.

Espaces géographiques

Malgré la diversité des situations, ce dossier s’intéresse à l’Afrique dans sa globalité dans le but de faire apparaître les spécificités sous régionales et parfois même nationales. Les données de l’Afrique du Nord sont autant attendues que celles de l’Afrique subsaharienne. Par ailleurs les exemples des pays anglophones ou lusophones seront particulièrement appréciés, surtout s’ils permettent une comparaison avec ceux de l’Afrique francophone.

Axes thématiques

Ce dossier souhaite interroger chercheurs et professionnels sur toutes ces questions et celles qui leur sont liées à travers cinq axes principaux.

Axe1 : Mutations structurelles, stratégiques et règlementaires

Qu’en est-il de la place de la radio aujourd’hui en Afrique ? Est-elle toujours le média roi ou les autres médias, sociaux ou non, sont-ils en train de la reléguer aux seules zones rurales ?

Voit-on  se  mettre  en  place  des  stratégies  médiatiques  sur  le  long  terme ? Invente-t-on  des modèles économiques viables ? Y a-t-il des formes innovantes de gouvernance en particulier dans les radios du tiers secteur ? La régulation a-t-elle suivi ces évolutions ?

Axe2 : Conséquences sociales, culturelles et juridiques des mutations liées au numérique

Quels  sont  les  exemples  de  numérisation  réussie ?  Dans  quelle  mesure  cette  évolution pourrait-elle présenter de nouvelles opportunités pour le paysage radiophonique africain et en même temps maintenir l’ancrage local et le lien privilégié avec le public africain ? Quels sont les  risques  pour  la  perte  d’identité  des  radios  communautaires ?  Quelle  possibilité  pour  les radios privées de conserver la main sur leur diffusion dans des pays autoritaires ?

Axe3 : Implications des mutations technologiques sur la réception

Quels publics ? Quelles formes de participation les TIC permettent-elles ? Quelles incidences ont-elles  sur  l’accès  aux  contenus  informationnels ?  Quelles  productions  citoyennes d’informations enregistre-t-on ?  Quels  nouveaux  usages citoyens  de  la  radio observe-t-on ?

Par ailleurs,  y  a-t-il une réelle amélioration des conditions de réception ? Quelles catégoriesde la société en bénéficient le plus ?

Axe4 : Transformations des pratiques professionnelles

Quels  sont  les  différents  usages  et  appropriations  des TIC  en  journalisme  radiophonique ?

Quels impacts ces usages ont-ils sur  les pratiques et identités professionnelles ? Y a-t-il des risques pour une information de moindre qualité ? Y a-t-il des risques pour un bon exercice du métier  et  pour  la  sécurité  personnelle  du  journaliste radio  ?  Quels  rapports  les  journalistes entretiennent-ils avec leurs sources et leurs publics?

Axe 5 : Rôle politique et social des radios ?

Quel  rôle  des  radios  dans  les  crises  politiques  et  sociales ?  La  place  des  acteurs radiophoniques dans l’espace public ? Leur capacité à soutenir des débats démocratiques ou alors  à  renforcer  les  oppositions ?  Leur  capacité  à  faire  dialoguer ?  Leur  capacité  à  la redevabilité des acteurs politiques et économiques ? Se sont-elles autonomisées de l’approche très prégnante des bailleurs de fonds qui  les lient au projet développementaliste ?

Soumission et procédure d’évaluation

L’évaluation sera assurée en double aveugle par le comité de lecture sur la base d’un résumé en français ou en anglais de 3500 signes au format Word comportant un titre, le nom de (des) auteur-e(s),  son  affiliation  universitaire,  ses  coordonnées  complètes.  L’auteur  précisera  la problématique, les objectifs ainsi que quelques références bibliographiques.  Les consignes de r rédaction  et  recommandations  aux  auteurs  sont  disponibles  sur  le  carnet  de  recherche  RadioGraphy : http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/1185/files/2015/07/ICI.pdf

Les  propositions  sont  à  adresser au  plus  tard  le  15  décembre  2015 aux  trois  adresses suivantes :  etiennedamome@gmail.com ; sylviecapitant@rocketmail.com ; nozha.smati@univ-lille3.fr

Calendrier

15 décembre 2015 : soumission du résumé

15 janvier 2016 : Sélection des propositions et notifications aux auteurs

15 mars 2016 : remise des articles intégraux (entre 30000 et 35000 signes espaces, notes et

bibliographie compris)

Comité de lecture

ANTOINE Frédéric, Université Louvain-la-Neuve, Belgique

AMSIDDER Abderrahmane, Université IBN Zohr Agadir, Maroc

ASSOGBA Henri, Université de Laval, Canada

AW Rokaya Eugénie, CESTI, Sénégal.

BART Annie, Université Bordeaux Montaigne, France

CANDEL Etienne, Université Paris 4, France

DA LAGE Émilie, Université Lille 3, France

FAURÉ Laurent, Université de Montpellier, France

FRÈRE Marie-Soleil, Université de Bruxelles, Belgique

GAZI Angeliki, Université de Limassol, Chypre

GUAYBESS Tourya, Université de Lorraine, France

KIYINDOU Alain, Université Bordeaux Montaigne, France

MEYER Vincent, Université de Nice Sophia Antipolis, France

SANTOS SAINZ Maria, Université Bordeaux Montaigne, France

STARKEY Guy, Université de Sunderland, Royaume-Uni

ZAMIT Fredj, Université de la Manouba, Tunisie

Conseil scientifique

AMSIDDER Abderrahmane, Université IBN Zohr, Agadir

CHOUIKHA Larbi, Institut de presse et des Sciences de Tunis, Tunisie

DE IULIO Simona, Laboratoire GERiiCO, Lille

DELEU Christophe, Université de Strasbourg

GAZI Angeliki, Université de Limassol, Chypre

GUMUCIO Alfonso, Université Mayor de San Andreas, La Paz, Bolivie

HENDRICKS John Allen, Austin State University, Texas-USA

HIZAOUI Abdelkarim, Institut de presse et des Sciences de Tunis, Tunisie

KIYINDOU  Alain, Université de Bordeaux Montaigne

OLLIVIER Bruno, Université des Antilles

PEÑAFIEL Carmen, Université de Bilbao, Espagne

PIGNARD-CHEYNEL Nathalie, Université de Neufchâtel, Suisse

Comité de lecture

ASSOGBA Henri, Université Laval, Canada

ARES DORO Raffaello, Université de Viterbe, Italie

BART Annie, Université de Bordeaux Montaigne

BÉLANGER Pierre C., Université d’Ottawa, Canada

BRETON André, Université du Québec à Montréal

CANDEL Etienne, Université Paris 4

CAPITANT Sylvie, Université Panthéon-Sorbonne – Paris 1

DA LAGE Emilie, Université Lille 3

EQUOY HUTIN Séverine, Université de Franche-Comté, Besançon

FAURÉ Laurent, Université Montpellier 3

GALLEGO Ignacio, Université Carlos III, Madrid

GLEVAREC Hervé, CNRS, LCP – Paris

GOMEZ MEJIA Gustavo, Université de Tours

GUAYBESS Tourya, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand

LEE Carolyne R., Université de Melbourne

MORELLI Pierre, Université de Lorraine

OLIVEIRA Madalena, Université de Braga, Portugal

PACHECO Cesar, Université Playa Ancha, Chili

PAREDES QUINTANA Ricardo, Universidad Central de Chile

PEDROIA Albino, Institut d’Études Politiques de Paris

RODERO Emma, Université Pompeu Fabra, Barcelone

SOURISCE Nicolas, Université de Tours

STACHYRA Grazyna, Université de Lublin, Pologne

VAILLANT Derek, Université de Ann Arbour, Michigan-USA

ZAMIT Fredj, Université de la Manouba, Tunisie

 

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Comité éditorial

Directeur de publication

DAMOME Etienne, Université de Bordeaux Montaigne

Rédacteurs en chef : 

RICAUD Pascal, Université de Tours / Courriel : pascal.ricaud@univ-tours.fr

SMATI Nozha, Université de Lille  / Courriel : nozha.smati@univ-lille.fr

Comité de rédaction  

ANTOINE Frédéric, Université Catholique de Louvain

CHEVAL Jean-Jacques, Université de Bordeaux Montaigne

DONZELLE Béatrice, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

GKOUSKOU-GIANNAKO Pergia, Université Clermont Auvergne

GUGLIELMONE Isabel, Université de Compiègne

POULAIN Sébastien, Université de Bordeaux Montaigne

 

 

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